Coups de coeur

Les disparus de Blackmore

Par Le 12/03/2023

Les Disparus de Blackmore

d'Henri Loevenbrück - XO Editions - 520 pages

La parution d'un nouveau roman d'Henri Loevenbrück est toujours pour moi un moment particulier : mon auteur contemporain chouchou va-t-il encore me régaler cette fois ? Car le Monsieur nous sert des livraisons toujours très différentes : fantasy médiévale, techno-thriller, romans historiques (Renaissance, Révolution française), romans contemporains... Sa plume court au long des pages, appuyée souvent par une recherche documentaire solide et les valeurs humanistes qu'il défend. Alors oui, je le dis, encore une fois, Henri m'a transportée, non sur sa moto en bon biker qu'il est, mais dans l'île anglo-normande imaginaire de Blackmore.

Ici, nous suivons en 1925, Lorraine Chapelle, première femme diplômée de l'Institut de Criminologie de Paris et son "opportun" acolyte Edward Piece, détective de l'étrange. Elle est venue à l'appel de Sir Ronald Waldon pour retrouver sa petite fille disparue, lui pour aider son grand ami, le prêtre Pat Molloy dans son enquête sur les disparus.

Commence alors une folle poursuite d'une semaine sur cette île à l'atmosphère gothique. L'auteur tresse intimement une quantité de sujets ésotériques ou très rationnels qui vont tour à tour donner du fil à retordre à nos deux investigateurs, et à nous lecteurs ! pour parvenir au dénouement du mystère des disparitions : culture celte, alphabet oghamique, psychiatrie, civilisation sumérienne... Tout est bien huilé, documenté, érudit même, pour à la fois nous divertir et nous "nourrir" (on ressort toujours plus "riches" d'un roman de l'auteur).

En filigrane, on retrouve toutes les valeurs que porte Henri, belle personne que j'ai eu la chance d'inviter dans le collège que je dirigeais, pour travailler sur sa série Sérum qui avait fait lire 1200 pages à des élèves de 4è qui n'en revenaient pas eux-mêmes.

Au final, un roman qu'on ne lâche pas, jusqu'à la dernière ligne. Mention spéciale aussi pour la postface dédiée à son grand-oncle Pierre Loevenbrück, pages inattendues mais d'une grande sensibilité.

Allez-y sans hésiter !!

La cité des nuages et des oiseaux

Par Le 10/03/2023

La cité des nuages et des oiseaux d'Anthony Doerr 

Editions Albin Michel - 696 pages 

 

Un immense coup de coeur pour ce roman magnifique !

L'auteur Anthony Doerr est un écrivain américain, déjà récompensé par le Prix Pulitzer en 2015 pour Toute la lumière qu'on ne peut voir et présentement par le Grand Prix de Littérature américaine pour ce roman. Il a publié plusieurs recueils de nouvelles également. Dans La cité des nuages et des oiseaux, nous suivons l'odyssée d'un manuscrit grec ancien que l'auteur attribue à Diogène, de Constantinople au XIVè siècle, à l'Idaho des années 50, à un vaisseau spatial dans le futur. Différents lieux, différentes époques et cinq personnages reliés par ce manuscrit dont l'histoire va leur permettre de s'échapper d'une réalité difficile à vivre pour chacun d'entre eux, même si bien différente.

Le tour de force de l'auteur, c'est de nous faire tourner les pages avec délectation et émerveillement devant l'intelligente et complexe construction du récit, comme par l'attachement aux personnages, qu'il suscite dès les premiers chapitres. La langue est belle, poétique parfois, ou tendre ou encore épique. Hommage à Marina Boraso, qui a su si bien la traduire. Le roman est érudit en ce sens que chaque époque traversée nous apporte son lot de connaissances, de savoirs. C'est aussi et surtout un très bel hommage aux livres et aux bibliothécaires, les "gardiens de la littérature".

Après avoir tourné la dernière page, il m'a fallu deux jours avant de pouvoir ouvrir un autre ouvrage, tant j'étais encore sous le charme, baignée dans l'atmosphère si particulière de ce roman, que je recommande à 1000 %.

Dans Lecture

La ballade du calame - Atiq Rahimi

Par Le 06/10/2016

Edition L'iconoclaste - Date de sortie : 26 août 2015 - ISBN 9782913 366763 - 183 pages

4è de couv'

« L’exil ne s’écrit pas. Il se vit. 
Alors j’ai pris le calame, ce fin roseau taillé en pointe dont je me servais enfant, et je me suis mis à tracer des lettres calligraphiées, implorant les mots de ma langue maternelle. 
Pour les sublimer, les vénérer. 
Pour qu’ils reviennent en moi. 
Pour qu’ils décrivent mon exil. »
Ainsi a pris forme cette ballade intime, métissage de mots, de signes, puis de corps.

Mon avis

Magnifique et intelligent, ce court livre dans lequel l'auteur médite sur l'exil, l'éloignement de sa terre d'enfance !

J'aime par-dessus tout les livres qui nous apprennent quelque chose et avec celui-ci j'ai été servie. Il est émaillé de citations qui à chaque instant me donnaient envie de fouiller, d'aller plus loin que le texte lui-même. Il y a, entre autres, des lignes très belles dans le chapitre "Va t'en" sur le premier exil, lorsque l'enfant quitte le corps de la mère.

Que l'auteur évoque son errance ou ses callimorphies, c'est intime, profond, poignant, mais en même temps lumineux. Un livre-doudou (je ne trouve pas d'autre mot) que je ne pourrai pas prêter, que je garderai à portée de main, en cherchant pourquoi il m'a autant touchée, quel est mon exil à moi. Mais aussi il m'a interrogée sur mon rapport au geste d'écrire, que j'aime tant (j'écris avec un précieux stylo plume), à cette trace que je laisse de moi.

C'est inclassableau-delà du coup de coeur et il va sans dire que je vous le recommande ++.

Citations

*Enfants, nous sommes tous des Shéhérazade. Nous inventons des contes non pas pour passer le temps, mais pour survivre. (p. 50)

*Comme tout exilé, je suis un homme d'ailleurs. (...) Ailleurs, c'est l'espace de mon errance. Là où se perd mon corps : je suis là où je ne suis pas. Là où s'avedent mes souvenirs, mes rêves, mon désir... (p. 180)

*La calligraphie est un geste de l'esprit, la callimorphie, une geste du désir. (p. 161) 

*La calligraphie a des règles. C'est une discipline, une grammaire, une langue, une idée, un texte. Rien de tout cela en callimorphie. Celle-ci est sauvage, sans loi ; sa langue est corporelle, le mouvement est sa grammaire ; il n'y a aucune idée, mais des sensations. (p.164)

Ma note 17

L'auteur  

Allez, ce matin on bouge !!

Par Le 04/10/2016

Un petit coup de pep's pour démarrer la journée ?? Je vous conseille les prestations papa-fils dans l'émission So You Think You Can Dance ?

Voici une de mes préférées, même si je les aime toutes... JT a 8 ans et Ah, le déhanché du papa... ;-)

Dans Lecture

La nuit avec ma femme - Samuel Benchetrit

Par Le 13/09/2016

Editions Plon/julliard - Date de sortie :  25 août 2016 - ISBN 9782259 223454 - 170 pages

4è de couv'

" J'ai passé plus de temps que toi sur cette Terre. Et notre différence, c'est que moi, je t'ai perdue. C'est parce que j'ai continué à vivre que je le sais. J'ai voulu être seul souvent pour être avec toi. Il faut bien donner son temps aux amours invisibles. S'en occuper un peu. Encore maintenant je me demande comment tu vas. Ce que tu fais. Je cherche de tes nouvelles. J'invoque la colère pour que tu la calmes. Quelques rires où tu me rejoindrais. Et le soleil a changé, puisqu'il manque une ombre. Mais je suis heureux. Et c'est à ton absence que je dois de le savoir. " 

Mon avis

On sait qu'il s'agit là du triangle amoureux Samuel Benchetrit-Marie Trintignant-Bertrand Cantat, dont les média ont largement parlé à l'époque de ce fait divers dramatique. Dans ce récit, la femme vient "visiter" l'auteur le temps d'une nuit et il évoque avec elle tout ce qu'ils ont vécu ensemble, notamment ce qui les lie à jamais, leur fils Jules. 

C'est très surprenant d'entrer ainsi dans l'intimité d'un couple, dans les souvenirs de celui qui a été quitté, dans ce cri d'amour. Tout est dit, raconté, étalé, il y a cependant une vraie pudeur dans l'impudeur. Par la force des choses, on a une seule voix, celle de l'homme qui s'adresse à "la morte de sa vie", la femme ayant succombé aux coups de celui pour qui elle a quitté l'auteur. Le manque est évident, poignant.

Le texte de cette déambulation est poétique, plein d'émotions, mais sans animosité. Rien n'est sordide, si ce n'est la mort elle-même. C'est un cri d'amour magnifique, amour que j'ai senti apaisé, porté en lui, à jamais, comme un trésor, par un homme qui s'autorise cependant à vivre pleinement sa vie, sans elle.

Je sais déjà que ce petit livre aura une place particulière dans ma bibliothèque. J'aurai souvent envie de le relire car c'est beau et je vous le recommande chaudement.

Ma note  18.5

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Citation

*Je souhaite aux gens de mourir en aimant. D'aimer mille fois et toujours plus. De tout oublier sauf qu'ils ont aimé comme on les aimait. 

L'auteur  

Dans Lecture

Le chant du rossignol - Kristin Hannah

Par Le 02/09/2016

Editions Michel Lafon - Date de sortie : 7 avril 2016 - ISBN 9782749 927787 - Nombre de pages : 523 - Traducteur Matthieu Farcot

4è de couv'

France, 1939. Dans le village de Carriveau dans la Loire, Vianne Mauriac fait ses adieux à son mari qui part au front et se retrouve seule avec sa fille. Elle ne peut imaginer que les nazis vont envahir le pays. Pourtant, lorsqu'un capitaine allemand réquisitionne sa maison, elle est forcée d'accueillir un officier sous son toit. Et fait le choix de protéger sa fille avant la liberté de son pays... Sa sœur Isabelle, 18 ans, a passé son enfance dans des pensionnats depuis la mort de leur mère, et son père décide de l'envoyer vivre avec Vianne. Mais son tempérament rebelle met en danger leurs vies à toutes. Isabelle décide donc de partir vivre à Paris, le jour de l'entrée des Allemands dans la ville. Impétueuse et pleine d'idéaux, elle s'engage très vite dans la Résistance sous le nom de code " Le Rossignol " et fait régulièrement passer des aviateurs anglais en Espagne.

Mon avis

J'ai remarqué qu'Ingrid et moi avons pas mal de goûts communs en matière de lecture et celui-ci fait partie de ceux qu'elle a beaucoup aimés. Alors je me suis lancée... et ne l'ai pas regretté une minute tant ce livre m'a touchée !

C'est un gros, gros coup de coeur, ce roman dans lequel il y a tout : des personnages merveilleux, un récit passionnant, beaucoup d'émotion que la plume fluide de l'auteur nous offre. Il y est question surtout du rôle des femmes pendant la Seconde Guerre Mondiale, mais tellement d'autres thèmes sont abordés comme le pardon, l'altérité, la loyauté...

Je pense avoir tout aimé. On côtoie tous les registres de l'amour : fraternel (Vianne/Isabelle - Sophie/Daniel, parental (Vianne, Julien père, Rachel), en couple (Vianne/Antoine, Isabelle/Gaétan), mais aussi l'amitié indéfectible, l'attirance involontaire. Beaucoup de sentiments sont poussés à leur paroxysme dans cette période brutale et destructrice. On suit le cours de l'Histoire, au travers de la vie d'un village "ordinaire" et on mesure la souffrance, les privations et la peur omniprésente, générées par l'ennemi installé à demeure. On découvre, parfois à leur propre étonnement, l'héroïsme jusqu'au-boutiste de ceux qui refusent de s'y soumettre et de se résigner.

J'ai bien souvent eu la gorge serrée et les larmes aux yeux, car l'auteur nous a offert là une histoire forte et poignante, servie par des personnages magnifiques. Bref, ce roman mérite une foison de superlatifs absolus.

Ma note 19

Citations

*Le son de sa voix me rappelle que je suis une mère et que les mères ne peuvent s'accorder le luxe de s'effondrer devant leurs enfants, même quand elles ont peur, même quand leurs enfants sont des adultes. (p. 410)

*Dans l'amour, nous découvrons qui nous voulons être ; dans la guerre, nous découvrons qui nous sommes.

L'auteur  

Dans Lecture

Repose-toi sur moi - Serge Joncour

Par Le 24/08/2016

Editions Flammarion - Date de sortie : 18 août 2016 - ISBN 9782081 306639 - 427 pages

4è de couv'

Aurore est une styliste reconnue et Ludovic un agriculteur reconverti dans le recouvrement de dettes. Ils n'ont rien en commun si ce n'est un curieux problème : des corbeaux ont élu domicile dans la cour de leur immeuble parisien. Elle en a une peur bleue, alors que son inflammable voisin saurait, lui, comment s'en débarrasser. Pour cette jeune femme, qui tout à la fois l'intimide et le rebute, il va les tuer. Ce premier pas les conduira sur un chemin périlleux qui, de la complicité à l'égarement amoureux, les éloignera peu à peu de leur raisonnable quotidien.

Mon avis 

Un livre magnifique, porté par des personnages attachants, sensibles, une belle réflexion sur l'amour et le couple, et une écriture addictive. Tout au long de ma lecture, j'ai oscillé entre les émotions, j'ai cru comprendre où l'auteur nous emmenait, mais été surprise par le cours que prenait l'histoire. 

Bonne pioche pour ma première lecture de la rentrée littéraire !

Un vrai coup-de-coeur-1.jpg

 

 

Ma note  18

L'auteur  

Dans Lecture

Quoi qu'il arrive de Laura Barnett

Par Le 09/08/2016

Editions Les Escales - Date de sortie : 14 avril 2016 - ISBN 9782365 691567 - 460 pages - Traduction de Stéphane Roques

4è de couv'

En 1958, Eva a dix-neuf ans, elle est étudiante à l'université de Cambridge et amoureuse de David, un acteur follement ambitieux. En chemin pour un cours, son vélo roule sur un clou. Un homme, Jim, assiste à la scène. Que va-t-il se passer ? Ce moment sera déterminant pour leur avenir commun. 
Un point de départ, trois versions possibles de leur histoire : le roman suit les différents chemins que les vies de Jim et d'Eva pourraient prendre après cette première rencontre. Des vies faites de passion, de trahisons, d'ambition et sous-tendues par un lien si puissant qu'il se renforce au fil du temps. Car, quoi qu'il arrive, Eva et Jim vivront une magnifique histoire d'amour. 

Mon avis 

Une expérience de lecture très particulière : à partir d'un même évènement, un vélo qui roule sur un clou, l'auteur exploite le "et si..." en nous offrant trois versions possibles d'une histoire à deux personnages Eva et Jim, en fonction des choix de vie qu'ils feraient.  La performance est qu'on a le sentiment de ne lire qu'une seule et même histoire, tant la construction narrative est aboutie. Bravo à l'auteur !!

En dehors de nos deux héros, de très nombreux personnages tout à fait attachants.

Les amateurs d'actions coups d'éclat et de rythme effréné peuvent passer leur chemin, car il n'est ici question que de la vie ordinaire, avec ses réussites et ses faux-pas, ses joies et ses tourments.

Ce n'est en aucun cas une comédie romantique (comme le suggère la 4è de couv') avec ce que cela peut supposer de mièvrerie, mais un excellent roman que je vous recommande chaudement.

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Citations

*L'amour se présente dans l'imperceptible glissement du familier à l'intime. (p.28)

*La meilleure mère n'était peut-être pas, contre toute attente, celle qui tentait de protéger ses enfants, mais celle qui était franche, heureuse, fidèle à sa personnalité et à ses propres désirs. (p.282)

Ma note 19

L'auteur 

Dans Lecture

Les fondamentaux de l'aide à la personne revus et corrigés de Jonathan Evison

Par Le 14/07/2016

Editions Monsieur Toussaint Louverture - Date de sortie : 31 mars 2016 - ISBN 9791090 724235 - 351 pages - Traduction de Marie-OdileFortier-Masek

Résumé

Benjamin Benjamin traîne quelques casseroles : un nom à coucher dehors, un passé douloureux et les papiers de son divorce qu'il n'a pas encore signés. Sa méthode pour faire face ? La fuite, évidemment. Cependant, obligé de se trouver un emploi, il suit une rapide formation d'aide à la personne et se retrouve chargé de Trev, un ado malade à l'imagination débridée. Heureusement que ces deux amochés de la vie partagent une passion pour les formes généreuses des Miss Météo, les attractions touristiques saugrenues et un furieux besoin de tout envoyer valser. Sans condescendance ni apitoiement, Jonathan Evison a façonné un récit doux-amer, fait de héros touchants, qui nous montre qu'il y a toujours de l'espoir, qu'il faut accepter les moments les plus terribles pour profiter des plus lumineux.

Mon avis 

Plusieurs choses m'ont amenée à acheter ce roman : le titre assez peu habituel pour un roman, la couverture magnifiquement travaillée, le résumé alléchant et la maison d'édition qui jusqu'à présent ne m'a pas déçue... Toutes les conditions étaient réunies pour que je passe un bon moment, ce qui fut le cas ! Et même au-delà, carrément un coup de coeur...

Les personnages sont éminemment sympathiques, touchants, authentiques. Ce Ben est vraiment un type bien, même si au départ il est présenté comme un loser patenté. Trevor et lui ramassent tous les "cabossés" sur leur chemin. Il y a une infinie pudeur dans la manière dont l'auteur traite tout ce petit monde, voire même de l'élégance.  Rien n'est jamais trop ou trop peu : pas de pathos, pas de grands sentiments, juste la bonne mesure.  Une vraie réussite.

Je vous recommande vivement cette lecture.

Ma note  18

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Bonus

Un article très intéressant sur la maison d'édition Monsieur Toussaint Louverture et une vidéo de Dominique Bordes, son fondateur.

  L'auteur
 

Dans Lecture

Moura, la mémoire incendiée d'Alexandra Lapierre

Par Le 03/05/2016

Editions Flammarion - Date de sortie : 16 mars 2016 - ISBN 9782081 332829 - 730 pages

4è de couv'

Adorée par ceux qu elle aima, honnie par ceux qui la jugèrent insaisissable, Moura a bien existé. Dans les tourmentes de la révolution bolchevique, d une guerre à l autre, Moura a traversé mille mondes. Aristocrate d origine russe, elle s est appelée Maria Zakrevskaïa, Madame Benckendorff, la Baronne Budberg... Elle a été la passion d un agent secret britannique, la muse de Maxime Gorki, la compagne de H.G. Wells et l égérie de l intelligentsia londonienne. Elle a côtoyé tous les grands du XXe siècle, le Tsar, Staline, Churchill, de Gaulle. Les uns chantèrent son courage, sa chaleur et sa fidélité. Les autres dénoncèrent ses mensonges. Tous s entendirent néanmoins sur un point : Moura incarna la Vie. La vie à tout prix.

Mon avis 

Le roman commence avec l'enfance de Moura. La période tsariste touche à sa fin, dans la fureur et dans le sang. La petite fille, d'une famille d'aristocrates, va apprendre vite et grandir au rythme des sursauts de l'Histoire. Elle a beaucoup observé et écouté les adultes, son père notamment, et comprend ainsi les rouages des histoires d'adultes. Son charisme, son intérêt pour les autres, vont lui valoir autant d'amitiés que d'inimitiés. Et quand elle aura rendez-vous avec l'Histoire (fin du tsarisme, installation du bolchevisme, montée du stalinisme, deux guerres mondiales...), elle saura jouer sur de nombreux tableaux. On peut être ébahi par les fréquentations qu'elle a eues de Gorki, à HG Wells en passant par tout ce que l'époque a compté de célébrités, et par les multiples rebondissements de son existence. Sa vie ne fut pas un long fleuve tranquille, mais bien plutôt une épopée !!

Je n'ai pas réussi à élucider tout au long du récit d'Alexandra Lapierre les éventuels méfaits et mauvais choix que l'héroïne aurait faits. Pas vraiment réussi non plus à m'attacher à cette femme pourtant hors du commun. Après ses multiples vies, je me suis demandée si elle avait été heureuse. Je n'en suis pas sûre en fait... 

Une très riche documentation qui m'a parfois fait craindre de verser dans le documentaire politique, historique. Une plume efficace et passionnée. Pour au final un roman-récit que j'ai beaucoup, beaucoup aimé et que je vous recommande vivement.

Ma note 17.5

Dans Lecture

Territoires d'Olivier Norek

Par Le 12/04/2016

Editions Pocket - Date de sortie : 8 octobre 2015 - ISBN 9782266 252782 - 374 pages 

4è de couv'

À Malceny, dans le 93, on est habitués aux règlements de comptes. Mais un nouveau prédateur est arrivé en ville et, en quelques jours, les trois plus gros caïds du territoire sont exécutés. Le capitaine Coste et son équipe vont devoir agir vite, car leur nouvel ennemi s'implante comme un virus dans cette ville laissée à l'abandon, qui n'attend qu'un gramme de poudre pour exploser. Une ville où chacun a dû s'adapter pour survivre : des milices occultes surentraînées, des petits retraités dont on devrait se méfier, d'inquiétants criminels de 12 ans, des politiciens aveugles mais consentants, des braqueurs audacieux, des émeutiers que l'État contrôle à distance de drone. Et pendant ce temps, doucement, brûle la ville. 
La dernière affaire du capitaine Coste ? Elle se passe en enfer...

Mon avis

Excellent roman, dans lequel j'ai trouvé tout ce que j'aime : un rythme soutenu porté par une écriture dynamique, des dialogues qui font mouche, des personnages éminemment sympathiques. 

J'ai adoré l'histoire sur fond de politique de la ville dévoyée, de trafics et leurs répercussions sur la vie d'un quartier. Egalement les rivalités des services de police, le fonctionnement de la justice, les émeutes de banlieue...

On sent le vécu dans les faits qui nous sont racontés, mais j'ai aimé que le côté humain soit toujours mis en avant. C'est une des forces de l'auteur, dont j'aime décidément la plume.

Un vrai coup de coeur ! et le bonheur de savoir que Surtensions est dans ma PAL. Gageons qu'il ne tardera pas à en sortir...

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Ma note 19

Ce livre participe au Challenge  

Dans Lecture

Bertrand et Lola d'Angélique Barberat

Par Le 07/04/2016

Editions J'ai Lu - Date de sortie : 2 mars 2016 - ISBN 9782290 122136 - 606 pages

4è de couv'

Pourquoi Lola a-t-elle sonné à cette porte ? Pourquoi Bertrand a-t-il ouvert à cette inconnue ? Comment peut-on tomber fou amoureux de quelqu’un en dix secondes ?
Ce jour chaud du mois de juin va tout changer. Durant quelques heures de bonheur et d’insouciance, Bertrand et Lola oublient tout : elle, qu’elle va se marier dans une semaine ; lui, qu’il est reporter-photographe et ne supporte aucune attache.

Malgré cette passion inattendue, tous deux prennent la plus sage et la pire des décisions : continuer leurs chemins respectifs et retourner à leur vie d’avant. Lola se marie et reprend son métier d’hôtesse de l’air. Bertrand s’envole pour un pays lointain… Mais chacun demeure prisonnier de cet amour fou. Même s’ils ont voulu vivre l’un sans l’autre, le hasard semble prendre un malin plaisir à les faire se croiser. Et puis… et puis Bertrand est capturé, pris en otage par un groupe armé lors d’un de ses reportages en Afrique.

Auront-ils la moindre chance de se retrouver un jour ?

Mon avis

Un gros coup de coeur pour ce roman à l'écriture vive, nerveuse, qui raconte la vie qui pulse et nous plonge tellement bien dans les émotions des personnages. De nombreux thèmes très actuels sont abordés tournant notamment autour de la famille, du couple, de la passion. Rien de philosophique, ni tombant dans le sirupeux, mais c'est cohérent, crédible. L'auteur nous dit qu'on peut aimer deux personnes à la fois, mais pas avec la même intensité ; il y en a forcément une qui est l'unique à tous points de vue.

J'ai immédiatement adoré Lola et Bertrand. J'ai souffert avec eux au long des multiples épreuves qu'ils ont traversées. Mais les autres personnages aussi sont réussis : Daphné qui est à baffer, la mère de Lola avec ses propres secrets et blessures, Franck que j'ai trouvé suffisant et ne m'a guère ému, l'adorable Elsa et ses rengaines comme "le monsieur-du-mariage-qui-mange-des-oranges", sans oublier les guides du photographe lors de ses voyages. Bref, une palette riche de vies ordinaires qui nous les rendent proches.

J'avais lu de mauvaises critiques, concernant le style, notamment les pensées intérieures des personnages mêlées au récit, et les énumérations comme "d'une voix sobre/calme/affirmée". Pour ma part, je trouve qu'un auteur capable de fantaisies stylistiques, comme l'est Angélique Barberat, est quelqu'un qui maîtrise. Donc c'est du positif !

Je vous recommande chaudement ce roman qui fut un très bon moment de lecture.

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Ma note 18

Dans Lecture

La fille de Brooklyn de Guillaume Musso

Par Le 27/03/2016

XO Editions - Date de sortie : 24 mars 2016 - ISBN 9782845 638082 - 470 pages

4è de couv'

Je me souviens très bien de cet instant. Nous étions face à la mer. 
L’horizon scintillait. C’est là qu’Anna m’a demandé : « Si j’avais commis le pire, m’aimerais-tu malgré tout ? » 
Vous auriez répondu quoi, vous ? 
Anna était la femme de ma vie. Nous devions nous marier dans trois semaines. Bien sûr que je l’aimerais quoi qu’elle ait pu faire. 
Du moins, c’est ce que je croyais, mais elle a fouillé dans son sac d’une main fébrile, et m’a tendu une photo. 
– C’est moi qui ai fait ça. 
Abasourdi, j’ai contemplé son secret et j’ai su que nos vies venaient de basculer pour toujours. 
Sous le choc, je me suis levé et je suis parti sans un mot. 
Lorsque je suis revenu, il était trop tard : Anna avait disparu. 
Et depuis, je la cherche.

Mon avis 

Pour ma part, un nouveau cru Musso est toujours attendu avec impatience, et cette année j'avoue être encore plus séduite. Assurément, à mes yeux, c'est un des meilleurs.

L'histoire d'abord, qui met en scène un écrivain, partant à la recherche de sa future femme, disparue suite à une grosse dispute. Et l'imbroglio, en trois actes comme il se doit, va se mettre en place, de fil en aiguille, de Charybde en Scylla, on se dit à chaque fois que ça ne peut pas aller plus mal. Mais si, croyez-moi, jusqu'au twist inouï qui m'a choppée par surprise dans les trente dernières pages. 

Les personnages ensuite, sont très convaincants : Raphaël craquant en papa solo, qui est le narrateur pour certaines parties, accompagné dans sa recherche par son voisin Marc, ancien flic. Et puis la disparue dont le parcours s'affiche au fur et à mesure, tel un puzzle, à travers tous les personnages qui gravitent autour, et dont certains d'ailleurs écriront leur propre chapitre comme Florence et Tad. On court de Paris à Nancy, puis à New York, en un vrai tourbillon, étant donné que l'enquête court sur moins d'une semaine.

Le contexte encore, avec l'évocation des élections présidentielles américaines de 2016 et mille et une choses dans l'air du temps qui donnent encore plus de réalité au roman et l'ancre dans notre temps : le wasi-basi, le chou kale...

L'écriture enfin, qui coule, fluide, rapide, addictive, comme j'aime.  Avec comme corollaire, de dévorer le roman en quelques heures et de se dire qu'il faut attendre un an pour la nouvelle livraison... 

Vous l'aurez compris, une très belle réussite et un vrai coup de coeur pour moi qui le sera pour vous aussi, j'espère.

Ma note 19      coup-de-coeur-1.jpg

Citations

*La fiction était une échappatoire. Le billet d'avion le moins cher pour fuir la morosité du quotidien.

*J'avais rarement mieux à faire que de m'asseoir devant mon écran pour prendre des nouvelles de mes personnages.

*Pendant longtemps, j'avais détesté les appareils photos, ces cruelles machines à créer de la nostalgie.

Dans Lecture

Les vies multiples d'Amory Clay de William Boyd

Par Le 02/02/2016

Editions du Seuil - Date de sortie : 8 octobre 2015 - ISBN 9782021 244274 - 517 pages - Traduction d'Isabelle Perrin

4è de couv'

Au lendemain de la Première Guerre mondiale, la très jeune Amory Clay se voit offrir par son oncle Greville un appareil photo et quelques conseils rudimentaires pour s’en servir. Elle ignore alors que c’est le déclencheur d’une passion qui façonnera irrévocablement sa vie future.

Un bref apprentissage dans un studio et des portraits de la bonne société laissent Amory sur sa faim. Sa quête de vie, d’amour et d’expression artistique l’emporte bientôt dans un parcours audacieux et trépidant, du Berlin interlope des années vingt au New York des années trente, de Londres secoué par les émeutes des Chemises noires à la France occupée et au théâtre des opérations militaires, où elle devient l’une des premières femmes photoreporters de guerre.

Sa soif d’expériences entraîne Amory vers d’autres conflits, des amants, un mari, des enfants, tandis qu’elle continue à poursuivre ses rêves, à combattre ses démons.

Mon avis

On entre dans le vif du sujet dès les premières pages, avec l'appareil photo offert à Amory par son oncle Greville. Reste en grandissant, à trouver les sujets et les employeurs ! Amory Clay, narratrice de son histoire, va faire de nombreuses erreurs, selon son propre aveu. Mais elle sait rebondir aussi grâce aux nombreux contacts qu'elle tisse.  Une chose est sûre, ce n'est pas côté famille, qu'elle trouve de l'aide : entre son père qui a tenté de la tuer, sa mère, froide et lointaine, sa soeur pianiste hyper douée et son frère, enfant bizarre et solitaire, elle détonne et va très jeune se débrouiller seule.

Le texte est tantôt récit, tantôt journal personnel, au passé ou au présent. C'est vivant, il y a du rythme. Quelques photos illustrent les étapes de la vie d'Amory à laquelle je me suis bien attachée, la voyant évoluer d'expérience en expérience. J'ai aimé son indépendance, son intrépidité et son courage.

C'est une magnifique biographie (fictive !) joliment écrite par un William Boyd que je redécouvre avec grand bonheur. 

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Ma note 18

Citations

*J'ai regardé le jour se parer de nuit, j'ai vu évoluer les sublimes dégradés du soleil en son déclin, l'orangé sanguin virant imperceptiblement au bleu glacier sur le tranchant de l'horizon. (p. 21)

*Une brise capricieuse enchâssait des petits pans de bleu entre les gros nuages brillants, banc-gris, ardoise... un ciel marbré, bigarré. (p. 46)

*Ne laisse pas ta vie t'échapper en regrettant ce qui aurait pu être. Vis ta vie, vis pour ce que tu veux vraiment. (p. 73)

 

 

Dans Lecture

Aliénor, un dernier baiser avant le silence de Mireille Calmel

Par Le 19/01/2016

XO Editions - Date de sortie : 8 octobre 2015 - ISBN 978-2845637177​ - 488 pages 

4è de couv'

1204. À l’heure où la majestueuse Aliénor tente une ultime fois de sauver son royaume, son fils Jean sans Terre règne sans partage sur l’Angleterre, déterminé à éteindre jusqu’au souvenir de son défunt frère, l’illustre Richard Cœur de Lion. 
Traquée jusqu’au cœur de la forêt de Brocéliande, sa filleule, la belle et puissante Eloïn Rudel, descendante de Merlin et compagne illégitime de Richard Cœur de Lion, rédige pour leurs enfants les mémoires de sa vie d’aventures. Car elle est la seule à posséder l’arme capable de contrer Jean et de protéger les siens : La vérité. Comme un dernier baiser avant le silence.

Mon avis

Ah la la, quel beau roman coup de coeur ! Déjà le plaisir de retrouver Aliénor et tout son entourage, des personnages hauts en couleurs, profondément humains. Et puis la magie d'Avalon, Merlin et Brocéliande, l'histoire avec un grand H. Enfin, la plume passionnée de Mireille Calmel qui nous régale depuis une quinzaine d'années.

J'ai beaucoup aimé que ce soit Eloïn qui raconte l'histoire à sa fille Anne. Elle écrit son livre d'heures pour laisser trace de son grand amour pour Richard Coeur de Lion, avec qui elle a eu ses deux enfants. Mais c'est aussi une forme de confession pour ses erreurs, et notamment pour l'attribution d'une des Flamboyantes à Philippe son fils, à qui elle n'était pas destinée.

C'est plein d'émotions, d'aventures, on souffre avec Eloïn, on aime avec elle, on rit avec elle, on pleure aussi. Il y a des passages très émouvants, notamment la mort de Richard et celle de Loanna et Jaufré ou l'amitié avec Saladin. Le seul petit bémol, mais vraiment pour chicaner, c'est que j'aurais aimé passer plus de temps à Brocéliande...

Je vous recommande donc vivement ces pages pour leur vrai souffle épique.

Ma note 18.5

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Dans Lecture

La poupée de Kafka de Fabrice Colin

Par Le 10/01/2016

Editions Actes Sud - Domaine français - Date de sortie :  6 janvier 2016 - ISBN 9782330 057831 - 259 pages 

4è de couv

Au cours d'un séjour à Berlin, la jeune Julie Spieler, en quête d'une très improbable réconciliation avec son père Abel – époux décevant, séducteur impénitent, menteur invétéré et professeur de littérature allemande à la Sorbonne –, débusque la récipiendaire putative de textes inédits de Kafka, écrivain qui fascine son père jusqu'à l'obsession. La jeune fille entame alors de difficiles tentatives d'approche auprès de cette vieille dame particulièrement rétive qui porte en elle toute la mémoire d'un siècle traversé de guerres, d'exils et d'horreurs. Tous trois se retrouvent dans un chalet face au Mont Blanc afin de tenter de solder, ensemble ou séparément, tous leurs comptes respectifs.

Mon avis

Ce que j'aime chez cet auteur c'est qu'il est impossible de lui coller une étiquette, tant son talent s'exprime dans différents genres : jeunesse, fantastique, young adult... Là c'est apparemment encore une autre facette qu'il nous offre et j'adôoore ça !

Tout comme j'ai adoré ce roman qui sera mon premier coup de coeur 2016 !! C'est d'abord une très belle histoire père-fille, très sensible, sur la difficulté de communiquer, de dire les sentiments. Puis la quête et la rencontre d'Else. Est-elle réellement ou non la petite fille à la poupée, a-t-elle conservé les lettres ? De silence en mensonges, le lecteur ne sait plus très bien. Pour ma part, je me suis attachée à ces trois personnages et ai apprécié de les savoir réunis au chalet, à tenter de s'apprivoiser. Il y a de très belles pages en italique sur la vie d'Else enfant, notamment celles sur Auschwitz ; c'est évoqué avec un vrai talent, juste les mots qu'il faut. Et Kafka qui plane au-dessus de tout ça... magique !

C'est toujours difficile de parler d'un coup de coeur, alors un conseil, lisez-le et goûtez la saveur de ce roman dont l'auteur, pour moi, atteint un pallier dans sa carrière déjà bien remplie, une maturité de plume que j'aurai grand plaisir à retrouver.

Ma note 19

Citations

*Un premier coup de tonnerre ébranla l'horizon couleur hématome qui se faisait passer pour ciel. (p 54)

*Les éclairs continuaient de taillader la nuit. (p 54)

*La pluie s'entêtait, un puissant tintamarre qui faisait monter des filaments tièdes de la terre. (p 154)

*Baignée dans son lait d'étoiles, la nuit se prélassait. (p 178)

*Après un temps, même les pensées disparaissent : sans oxygène, elles se racornissent, se flétrissent et, pareilles à des orchidées de cendre, finissent par mourir. (p 180)

*Le passé est un mensonge concpcté par le présent qui souffre et puis même la souffrance finit par se lasser et le passé s'effrite, et il n'en reste que des cendres. Je souffle sur elles. (p 213)

Ce livre participe au Challenge Top 50 Livresque pour un livre publié cette année.

 

Dans Lecture

Avant toi de Jojo Moyes

Par Le 07/12/2015

Editions Milady Littérature - Date de sortie : 20 mars 2014 - ISBN 9782811 211936 - 524 pages - Traduction de Frédéric Le Berre

4è de couv'

Quand Lou apprend que le bar où elle est serveuse depuis des années, met la clé sous la porte, c’est la panique. En pleine crise, dans ce trou paumé de l’Angleterre, elle se démène pour dégoter un job qui lui permettra d’apporter à sa famille le soutien financier nécessaire. On lui propose un contrat de six mois pour tenir compagnie à un handicapé. C’est alors que la jeune femme découvre Will, un jeune tétraplégique qui rêve de mettre fin à ses jours. Lou n’a que quelques mois pour le faire changer d’avis.

Mon avis 

Il y a dans ce livre tout ce que j'attends de la lecture : des personnages comme je peux en connaître dans la vraie vie, une palette d'émotions au fil des pages : colère, joie, tristesse, amour, chagrin... et une écriture nerveuse et rythmée qui me fait tourner les pages pour vivre l'histoire tambour battant.

Le sujet de fond est infiniment sensible : a-t-on le droit de choisir de mourir quand la vie n'est pas celle qu'on voudrait avoir ? Mais il est traité intelligemment, avec légèreté, humour, sans jamais tomber dans le pathos, juste en laissant venir les ressentis, les questions sur la condition des "grands" handicapés, sur le droit à mourir dans la dignité, sur le suicide assisté... 

J'ai adoré tous les personnages, profondément humains. J'ai ri, j'ai pleuré, je me suis questionnée, j'ai réfléchi. J'ai aimé aussi l'étincelle de vie, d'espérance que l'auteur nous transmet par les mots de Will à Louisa. "Je ne suis pas en train de te dire de te jeter du haut d'un immeuble ou d'aller nager avec les baleines, mais juste de vivre pleinement. Bouge, remue-toi, ne t'installe pas. Porte fièrement des collants à rayures. (...) Vis bien. Vis"

Vous l'avez compris, c'est un roman que je vous recommande très vivement.

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Ma note 19

Ce livre participe au Challenge Top50 Livresque pour un livre qui vous a fait pleurer.

Dans Lecture

Otages intimes de Jeanne Benameur

Par Le 02/12/2015

Editions Actes Sud - Date de sortie : 19 août 2015 - ISBN 978-2330053116 - 176 pages 

4è de couv'

Photographe de guerre, Etienne a toujours su aller au plus près du danger pour porter témoignage. En reportage dans une ville à feu et à sang, il est pris en otage. Quand enfin il est libéré, l'ampleur de ce qu'il lui reste à ré-apprivoiser le jette dans un nouveau vertige, une autre forme de péril. De retour au village de l'enfance, auprès de sa mère, il tente de reconstituer le cocon originel, un centre duquel il pourrait reprendre langue avec le monde. Au contact d'une nature sauvage, familière mais sans complaisance, il peut enfin se laisser retraverser par les images du chaos. Dans ce progressif apaisement, se reforme le trio de toujours. Il y a Enzo, le fils de l'Italien, l'ami taiseux qui travaille le bois et joue du violoncelle. Et Jofranka, l'ex petite fille abandonnée, avocate à La Haye, qui aide les femmes victimes de guerres à trouver le courage de témoigner. Ces trois-là se retrouvent autour des gestes suspendus du passé, dans l'urgence de la question cruciale : quelle est la part d'otage en chacun de nous ?

Mon avis 

Tout dans ce court roman nous atteint au plus profond : le sujet -le retour de l'otage et sa redécouverte de la vie et son impossibilité à oublier les images- et l'écriture. L'auteur cisèle des phrases qui nous prennent à la gorge, nous tirent les larmes, nous atteignent au tréfond de notre âme. "C'est dans les veines, au secret des poitrines que les mots fous se disent. Rien ne passe les lèvres." "Est-ce que chaque bonheur n'est pas là pour créer l'espérance du suivant ?" Il y a des phrases sur les ressentis de la mère qui touchent à l'universel, qui m'ont bouleversée. Les personnages sont beaux, forts de leurs faille, et c'est juste magnifique : l'histoire d'amitié à trois, puis la femme de là-bas et ses deux enfants, Irène...

J'ai tellement aimé que je trouve difficile d'en parler sans affadir tout ce qui fait la grandeur de ce roman. Je peux seulement vous conseiller de le lire et vous souhaite d'y trouver autant de plaisir et d'émotions que j'en ai eus

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Ma note 18.5

Dans Lecture

Le livre des Baltimore de Joël Dicker

Par Le 01/11/2015

Editions de Fallois - Date de sortie : 30 septembre 2015 - ISBN 978-2877069472 - 476 pages

4è de couv'

Jusqu'au jour du Drame, il y avait deux familles Goldman. Les Goldman-de-Baltimore et les Goldman-de-Montclair. Les Goldman-de-Montclair, dont est issu Marcus Goldman, l'auteur de La Vérité sur l'Affaire Harry Quebert, sont une famille de la classe moyenne, habitant une petite maison à Montclair, dans le New Jersey. Les Goldman-de-Baltimore sont une famille prospère à qui tout sourit, vivant dans une luxueuse maison d'une banlieue riche de Baltimore, à qui Marcus vouait une admiration sans borne. Huit ans après le Drame, c'est l'histoire de sa famille que Marcus Goldman décide cette fois de raconter.

Mon avis 

J'avais résisté à l'engouement général pour La vérité sur l'affaire Harry Québert et quand enfin, je l'ai écouté en audiolivre, je l'ai bien regretté tant j'ai aimé cette histoire. Alors j'étais curieuse de découvrir ce nouvel opus et d'y retrouver Marcus Goldman. Et ce malgré certains critiques littéraires qui dénigraient le roman, en le taxant, non de littérature, mais de roman populaire.

Autant le dire tout de suite, j'ai adoré ce roman que j'ai dévoré en moins de deux jours !

Certes, les ficelles scénaristiques comme les cliffhangers, sont un peu grosses parfois, les allers-retours incessants dans l'histoire souvent déroutants, quelques dialogues un peu longuets et "fabriqués" (celui de Roy Barnaski par exemple p.132), mais il y a tellement de points positifs !

A commencer par les personnages que j'ai suivis avec la même fascination que celle de Marcus pour les Baltimore. Je me suis sentie proche d'eux comme si je les côtoyais tous les jours, j'ai ri avec eux, pleuré avec eux... Et puis cette saga familiale, bien pensée et riche d'une peinture de toute une époque de l'histoire américaine m'a embarquée et je n'avais de cesse de découvrir ce qu'était le Drame, pivot autour duquel tourne le roman. 

Le rythme est vif et nerveux, comme j'aime, la plume facile. Alors, oui, ce roman est un coup de coeur.

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Ma note 18.5

Citation (sur la première page, ça commençait fort !!)

*Ecrire un livre, c'est comme ouvrir une colonie de vacances. Votre vie, d'ordinaire solitaire et tanquille, est soudain chahutée par une multitude de personnages qui arrivent un jour sans crier gare, et viennent chambouler votre existence. Ils arrivent un matin, à bord d'un grand bus dont ils descendent bruyamment, tout excités qu'ils sont du rôle qu'ils ont obtenu. Et vous devez faire avec, vous devez vous en occuper, vous devez les nourrir, vous devez les loger. Vous êtes responsable de tout. Parce que vous, vous êtes l'écrivain.

Ce livre participe au Challenge Top50 Livresque pour un livre dont l'histoire se passe dans un autre pays.

Dans Lecture

Les gens dans l'enveloppe d'Isabelle Monnin et Alex Beaupain

Par Le 20/09/2015

    

Editions Jean-Claude Lattès - Date de sortie : 2 septepmbre 2015 - ISBN 9782709649834 - 378 pages - Livre + CD

L'auteur a été invitée à l'émission de Ruquier un samedi soir récent et aussi à la Grande Librairie, pour faire la promotion de son livre. Elle y a raconté la genèse de ce roman. Alors pour moi qui modestement écris, cette idée de vouloir inventer de manière fictionnelle les vies de ces "vrais" gens, m'a parue formidable d'originalité. Immédiatement, sur ces photos, Isabelle Monnin repère une absence, celle de la mère de l'enfant, imagine-t-elle, et nous voilà embarqués dans l'aventure ! 

Mon avis

Ah lala, quel coup de coeur que ces Gens dans l'enveloppe !

Il y a d'abord le roman, bâti à partir des photos achetées sur Internet. Des vies imaginées à partir de ces instantanés, datés seulement par les vêtements, les couleurs, les autos, mais qui tout de même parlent à l'auteur comme étant l'époque de sa propre enfance. Un mot en fil rouge : abandon, et se tisse l'histoire de Mamie Poulet, Michelle et Laurence. Laurence la plus jeune, écrit au "je", les deux autres parties sont centrées sur la mère et la grand-mère. On y croise également Raymond et Serge, le père de l'enfant. Une histoire poignante écrite dans une langue infiniment personnelle et bouleversante.

Et puis, idée folle de l'auteur : et si je retrouvais les gens de l'enveloppe ? Elle examine les photos, repère des éléments, enquête et... coup de chance incroyable, trouve et rencontre les protagonistes de son enveloppe. Alors là, c'est encore une nouvelle histoire, tout aussi belle qui s'écrit tout au long de 2014 ; c'est la deuxième partie du livre. Et l'auteur s'interdit de retoucher le roman en y apportant des éléments réels ; c'est très bien ainsi. 

L'aventure aurait pu s'arrêter là, mais non ; elle continue avec l'enregistrement d'un CD dans lequel Alex Beaupain, ami de l'auteur, illustre en musique l'histoire des vrais gens de l'enveloppe, allant même jusqu'à leur faire interpréter deux des textes de l'album.

Il y a de la sensibilité, de la mélancolie, du respect, dans le travail de l'auteur et une plume que j'ai beaucoup appréciée. Extraordinaire aventure humaine donc que cet ouvrage, et un vrai coup de coeur que je vous recommande vraiment !

Ma note 18.5

Dans Lecture

Nous rêvions juste de liberté d'Henri Loevenbruck

Par Le 01/05/2015

Nous revions juste de liberte 611626 250 400

Editions Flammarion - date de sortie : 1er avril 2015 - ISBN 978-2081307285 - 421 pages 

Résumé 

«Nous avions à peine vingt ans et nous rêvions juste de liberté.» Ce rêve, la bande d'Hugo va l'exaucer en fuyant la petite ville de Providence pour traverser le pays à moto. Ensemble, ils vont former un clan où l'indépendance et l'amitié règnent en maîtres. Ensemble ils vont, pour le meilleur et pour le pire, découvrir que la liberté se paie cher. Nous rêvions juste de liberté réussit le tour de force d'être à la fois un roman initiatique, une fable sur l'amitié en même temps que le récit d'une aventure.

 

Pourquoi - comment ce livre ? 

Parce qu'un nouveau livre d'Henri est la promesse d'un bonheur de lecture !!

Les premières pages en 3 minutes  

Mon avis 

Attention, Mesdames et Messieurs, gros coup-de-coeur-2.jpg

 

 

Le livre juste refermé, je suis restée un moment, sonnée, les larmes glissant silencieusement le long de mes joues. L'émotion à l'état pur !

Avec les mêmes 26 lettres de l'alphabet que nous tous, sans plus, Henri Loevenbruck parvient à nous servir un roman où il livre ses tripes et nous chope par le coeur. Pour suivre l'équipée sauvage de ces adolescents que la vie a déjà bien malmenés et qu'elle n'épargnera pas. Des personnages forts. Le monde des bikers, un monde mâle, sans concessions.

C'est cash, c'est trash, c'est émouvant, éprouvant, ça dit la vie, la mort, l'amitié, la fraternité. L'histoire racontée par Hugo, alias Bohem, ça dit les rêves, l'honneur, la trahison aussi.  Dans une langue rugueuse qui sonne très juste.  C'est magnifique jusqu'au final, et quel final !! 

A lire absolument...

Ma note : 19

Ce livre participe pour 75 kms au Challenge 1000 Bornes Livresque

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et au Challenge Top50 Livresque pour un livre écrit par un auteur qui a les mêmes initiales que vous.

Dans Lecture

Manderley for ever de Tatiana de Rosnay

Par Le 14/04/2015

 

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Editions Albin Michel - Date de sortie : 25 février 2015 - ISBN 978-2226314765 - 457 pages

Recommandé par Gérard Collard de La Griffe Noire à st Maur des Fossés

Résumé

«La nuit dernière, j’ai rêvé que je retournais à Manderley…» : la phrase qui ouvre le roman Rébecca a fait rêver des générations de lecteurs. Tout le monde connait L’Auberge de la Jamaïque, Rebecca ou Les Oiseaux d’Alfred Hitchcock, mais l’auteur des oeuvres qui l’ont inspiré, Daphné du Maurier (vendue pourtant à des millions d’exemplaires et traduite en une quarantaine de langues), est aujourd’hui tombé dans l’oubli. Pourquoi Daphné du Maurier est-elle considérée comme un auteur de romans féminins, alors que ses histoires sont souvent noires et dérangeantes ? Que sait-on vraiment de son lien étroit avec la France, de ses liaisons longtemps tenues secrètes, des correspondances ténues que son oeuvre entretient avec sa vie, et dans laquelle elle parle beaucoup de son histoire familiale ? Portrait d’un écrivain par un autre écrivain, Manderley décrit minutieusement une vie aussi mystérieuse que l’oeuvre qu’elle sous-tend – toute de suspense psychologique –, et met en lumière l’amour fou de cette femme pour son manoir de Cornouailles. Un portrait tout en nuances de la plus énigmatique des romancières britanniques, mais davantage encore : un voyage littéraire sur les traces d’un des plus grands auteurs de best-sellers de son époque, méprisé par la critique mais adulé du public.

 

Pourquoi - comment ce livre ?

Parce que j'ai aimé les deux livres lus de cette auteur et que j'aime la plume de Tatiana de Rosnay.

Les premières pages en 3 minutes   

Mon avis 

L'auteur dit qu'elle n'avait jamais écrit de biographie. Eh bien pour un coup d'essai, c'est un coup de maître, la rencontre de deux femmes de passion !

Tatiana de Rosnay fait revivre Daphné du Maurier, dont elle est fan depuis ses treize ans, d'une manière à la fois intime et passionnée. De petites incises discrètes nous montrent l'auteur sur les traces du grand écrivain, dans les lieux qu'elle a habités. Ces lieux qui l'ont faite, façonnée et ont parfois surpassé tout autre chose dans sa vie, y compris sa famille. On parle ici de l'Ecriture, de l'inspiration, de la construction d'une oeuvre et c'est passionnant.

L'écriture est soignée, le style fluide et ça se lit tout à fait comme un roman, qui lui-même nous donne envie de (re)lire les nombreuses oeuvres  léguées par la grande dame. 

Je vous recommande absolument cette lecture qui fut pour moi un coup-de-coeur-1.jpg

 

Ma note : 19

Bonus :  Tatiana de Rosnay présente son roman

Ce livre participe pour 75 kms au Challenge 1000 Bornes Livresque et au Challenge Daphne du Maurier.

1000 bornes classique5b15d  Challenge daphne du maurier

 

Dans Lecture

Loup solitaire de Jodi Picoult

Par Le 03/03/2015

Couverture Loup solitaire

Editions Michel Lafon - Date de sortie : 15 janvier 2015 - ISBN 978-2749922188 - 396 pages - Traduction de Joëlle Touati

Résumé

Luke Warren est un spécialiste du comportement des loups. Il s'est rendu célèbre en partageant la vie d'une meute pendant près d'un an dans le Grand Nord canadien. À son retour, sa famille s'est disloquée. Sa femme Georgie l'a quitté, son fils Edward a coupé les ponts après une dispute irréparable, et sa fille, Cara, dont il a la garde, s'est brouillée avec son frère qu'elle considère comme responsable du divorce de ses parents. Alors que depuis cinq ans Edward vit en Thaïlande, un coup de téléphone vient bouleverser son existence : son père a sombré dans le coma suite à un accident de voiture, et ses deux enfants doivent être présents pour décider de son sort. Cara attend un miracle, mais Edward préconise de cesser l'acharnement thérapeutique et de faire don des organes de Luke. Agit-il par altruisme ou par vengeance ? Que cache son départ au bout du monde ? Jusqu'où Cara ira-t-elle pour l'empêcher de prendre une décision irrévocable ? Et quel est le secret qui la tourmente ? Quand la vie d'un père est dans la balance, qui a le droit de choisir son destin ?

Pourquoi - comment ce livre ?

Parce que j'ai déjà lu Le rideau déchiré de cet auteur, et que l'intensité de son écriture m'avait bouleversée.

Les premières pages en 3 minutes  

Citations 

*Les erreurs sont pareilles aux souvenirs qu'on remise au grenier (...). Loin des yeux, loin du coeur. Elles demeurent cependant gravées quelque part au fond de votre subconscient et vous savez que vous les occultez.

*Vous pouvez mettre quinze mille kilomètres entre votre père et vous, vous promettre de ne plus jamais prononcer son nom, le rayer de votre vie. Ce n'est pas pour autant qu'il cesse de vous hanter.

*Ce qui fait d'une famille une famille n'est peut-être pas de toujours bien faire, mais plutôt d'accorder une deuxième chance à ceux que vous aimez, quand ils ont fait quelque chose de mal.

*Toute mère sait ce que c'est de voir partir son fils. (...) Tout d'un coup, vous avez l'impression que le tissu dont vous êtes faite s'est déchiré, et qu'en dépit de tous vos efforts l'accroc est impossible à raccomoder.

*Le doute est pareil à la teinture. Indélébile, dès lors qu'il a imbibé le tissu de faux-fuyants que vous avez tissé.

*Les cicatrices sont pareilles à une carte au trésor, menant à la douleur que vous aviez enfouie au plus profond de vous afin de l'étouffer.

*C'est ça que j'aime dans les photos. Elles sont la preuve qu'à un moment donné, ne serait-ce qu'un instant furtif, la vie était merveilleuse.

Mon avis 

Attention, coup-de-coeur-2.jpg ! Le 2è de l'année, après Métamorphoses de Samantha Bailly.

C'est le deuxième roman que je lis de cet auteur et je retrouve bien son style. Prendre un objet de réflexion et en voir toutes les facettes psychologiques. Pas à la manière d'un entomologiste, ce qui m'aurait probablement ennuyée, mais en raconteuse d'histoires.

Ce qui nous donne des personnages très fouillés avec leurs grandeurs et leurs failles, une trame de fond sur la vie des loups avec toutes les similitudes que l'on peut faire avec le comportement humain, du rythme, assez rapide entre narration et dialogues, et une histoire qui, personnellement, m'a passionnée, que j'ai lue en un peu plus de deux jours et que je ne vais pas oublier de sitôt. 

Les thèmes de la famille, de la vie, de la mort, du choix sont universels, mais l'auteur parvient à les traiter d'une manière originale, et c'est cela que j'ai aimé. Une réussite ! A noter, le choix de l'auteur de nous offrir un roman polyphonique, où les personnages deviennent narrateurs à tour de rôle pour faire avancer l'histoire, sans oublier la voix off de Luke. A signaler également, la traduction qui "colle" parfaitement au propos.

Voilà une lecture que je vous recommande chaudement. Pour ma part, j'ai encore un livre de cet auteur en réserve : La pure vérité, et je ne tarderai certainement pas à l'ouvrir... 

Ma note : 18

Ce livre participe pour 75 kms au Challenge 1000 bornes Livresque

1000 bornes classique5b15d

Dans Lecture

Métamorphoses de Samantha Bailly

Par Le 24/01/2015

Couverture Métamorphoses

Editions Bragelonne - Date de sortie : 19 novembre 2014 - ISBN  978-2352947998 - 550 pages

Résumé

Dans la cité de Lyneroy, les commerces éclatants cohabitent avec les plus sombres marchés noirs…

Sonax a treize ans lorsque sa vie bascule. Jeune garçon androgyne destiné à suivre une voie marchande, il quitte tout pour le théâtre solaire, un lieu où il se découvre une nouvelle famille. Mais derrière la scène, entre faux-semblants et jeux de pouvoir, la réalité d'Hélderion n'a rien à envier aux drames qui se jouent sur les planches. Il ignore alors à quel point il va devoir apprendre à jouer un rôle en permanence, en découvrant les dangereuses coulisses de la cité la plus riche du royaume. Entraîné dans des intrigues politiques qui le dépassent, il sera changé en polymorphe, un être capable de modifier son apparence à volonté…

Car quel acteur n'a jamais rêvé de contrôler l'histoire au gré de ses métamorphoses ?

Pourquoi - comment ce livre ?

Parce que je lis tout ce qu'écrit Samantha Bailly, tellement j'aime sa plume !! Ce roman est la vie d'un des personnages d'Oraisons, roman qui fut un de mes coups de coeur 2014.

Les premières pages en 3 minutes   

Mon avis

Bluffée encore une fois par le talent de Samantha Bailly ! Cet univers qu'elle a créé est complet, complexe, tant au niveau politique, que culturel ou folkorique, médical. Il y a une vraie cohérence dans le foisonnement. 

On suit  Sonax, de son adolescence à son âge mûr, tour à tour comédien de théâtre, puis trafiquant d'objets tabous. On vit son évolution vers son indépendance à tous les pouvoirs, avec ses chagrins inconsolables, ses pertes successives. Mais aussi ses bonheurs, ses réussites, ses amitiés sincères. Une vie riche, loin d'être linéaire, c'est passionnant.

Une multitude de personnages servent le propos, tous plus attachants les uns que les autres, et l'on sent, à travers son écriture, que l'auteur elle-même les aime beaucoup. Ils sont multiples, complexes, réalistes.

Le style est riche, avec un vocabulaire choisi, un rythme soutenu, qui donne du souffle au récit.

Ce roman est une belle réussite et mon premier coup de coeur 2015. Aussi  je vous le recommande chaleureusement.

NB : je recommande de lire Oraisons avant celui-ci, même si l'histoire de Sonax se situe en amont (préquelle ou antépisode comme disent les québécois !)

Ma note : 18,5

Citation

*Le plus difficile entre deux amis, c'est de se pardonner de changer.

* Sonax voulait que les gens viennent voir ses histoires, et qu'après le spectacle, ils sortent de la salle avec quelque chose en plus. Une pensée. Une émotion. Ces effets de la fiction, c'était une autre forme de magie.

Ce livre participe pour 100 kms au Challenge : 50 kms (inversion des paliers du 2 au 17.2)
Mille bornes Livresque

 

 

Dans Lecture

L'épopée du perroquet de Kerry Reichs

Par Le 14/12/2014

Couverture L'épopée du perroquet

Editions Pocket - Date de sortie : 19 juin 2014 - ISBN 978-2266238335 - 479 pages - Traduction de Christine Auche

Résumé

Une pétillante jeune femme en quête d’elle-même, Un perroquet au sens de l’à-propos déconcertant, Une vieille voiture bringuebalante...
Tous en route pour Hollywood ! Cette fois, la coupe est pleine ! A 25 ans, Maeve est sur le point de craquer. Alors qu’elle vient de perdre son job, ses parents ont décidé de lui couper les vivres pour l’aider à se prendre en charge… Ni une ni deux, Maeve, accompagnée de son perroquet Oliver, part refaire sa vie à Hollywood. Mais c’est compter sans le destin qui s’acharne. En pleine traversée des Etats-Unis, sa voiture rend l’âme au milieu de nulle part.
Voici Maeve coincée avec son perroquet, loin des siens, loin de son rêve, dans une petite ville perdue du fin fond de l’Arizona. Petite ville perdue certes, mais qui recèle bien des charmes, comme Maeve ne tarde pas à le découvrir... Au point de renoncer à rejoindre la mythique Hollywood ?

Pourquoi - comment ce livre ?

Parce que le résumé m'a séduite et qu'il me semble que c'est un livre "bonne humeur".

Les premières pages en 3 minutes   

Mon avis 

Un coup de coeur pour ce mois de décembre !  car ce livre est un "feel-good-book".

Maeve n'a guère de confiance en elle et craque le jour où elle perd son emploi et sa chambre chez ses parents. Elle monte dans Elsie, sa vieille Plymouth, avec Oliver, son perroquet, et compte rejoindre sa copine Laura à Los Angeles où elle vit une vie de rêve.

Mais la route est longue, et Maeve qui croit que la poisse lui colle à la peau tombe en panne à Coin Perdu. Las, le garagiste Barney est parti pour quelques semaines, ou mois... Alors elle s'installe chez Ruby, va travailler au café-librairie de Noah, et va se retrouver "adoptée" par ce microcosme qu'est la société de Coin Perdu.

Pensez donc, pas de feu rouge, ni même de croisement, dans ce village de 800 âmes, mais de la solidarité, de la gentillesse, de l'acceptation tout simplement. Alors, Maeve va pouvoir "grandir", parler de la leucémie qu'elle a surmontée, se rendre capable de poursuivre son chemin vers L.A. Mais y restera-t-elle ?

J'ai eu grand plaisir à faire la connaissance de tous ces personnages, à les suivre dans leur vie quotidienne. Ca se lit vite, trop vite, car j'aurais voulu faire durer le plaisir de rester en leur compagnie. C'est plein de bons sentiments, mais bon sang, comme ça fait du bien !

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Citation 

* La permanence de la photographie me laissait toujours pantoise. Rien de vivant n'avait la même résistance.

* Il y a quelque chose dans les livres pour enfants qui nous redonne la liberté de quand on était petits.

Dans Lecture

L'exil des anges de Gilles Legardinier

Par Le 08/12/2014

Couverture L'exil des anges

Editions Pocket - Collection thriller - Date de sortie : 14 octobre 2010 - ISBN  978-2266196338 - 343 pages

Recommandé par Gérard Collard de la Griffe Noire 

Résumé

Ils ne se connaissent pas, mais un même rêve leur a donné rendez-vous dans une mystérieuse chapelle des Highlands. Valeria, Peter et Stefan ignorent qu’ils sont la preuve vivante d’une découverte révolutionnaire sur les arcanes de la mémoire faite vingt ans plus tôt par deux scientifiques disparus. Une découverte que beaucoup voudraient s’approprier – à n’importe quel prix. Pour échapper à ceux qui les traquent, ils n’ont pas d’autre choix que de remonter à l’origine du secret dont ils sont les ultimes gardiens. Leurs souvenirs sont des sanctuaires. À eux d’en trouver les clés… Ce thriller humaniste vous entraînera aux limites de la conscience, au cœur d’une aventure qui vous hantera longtemps, comme un rêve…

Pourquoi - comment ce livre ?

Parce qu'il est dans ma PAL depuis un petit moment et que Gloewen me l'a choisi dans le cadre du Challenge Livr'adeux pour Pal'Addict.

Les premières pages en 3 minutes   

Mon avis 

Je n'attendrai pas la fin de ce billet pour vous dire que j'ai adôooré ce livre.

Il y a tout ce que j'aime : du rythme, des personnages dont j'ai eu plaisir à suivre les aventures, du suspense, une écriture fluide et agréable. Enfin le sujet : la mémoire des âmes, est un de ceux qui me passionnent. Que devient l'âme quand le corps meurt ? Impensable qu'elle ne demeure pas quelque part dans un éther quelconque, avant de retrouver un corps où poursuivre son voyage. Et que transmet-elle à ce nouveau corps ? quels souvenirs fait-elle resurgir ? Et quels usages ignobles en feraient des états ou des personnes mal intentionnés s'ils venaient à décider de faire parler ces souvenirs ? 

Une lecture coup de coeur pour moi et que je vous conseille vivement !

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Et un grand merci à Gloewen qui, dans le cadre du Challenge Livr'adeux pour Pal'Addict, m'a incitée à sortir ce livre de ma PAL, où il dormait depuis quelques mois déjà !

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Dans Lecture

Dernier été à Mayfair de Theresa Révay

Par Le 20/10/2014

Couverture Dernier Eté à Mayfair                             coup-de-coeur-3.jpg

Editions Pocket - Date de sortie : 3 octobre 2013 - ISBN 9782-266229234 - 616 Pages

Résumé

1911. La famille Rotherfield, et leurs amis, vivent sans le savoir les dernières heures de leur époque. Après avoir connu chacun ses joies et ses chagrins, les quatre frères et soeurs vont êtes confrontés à la Grande guerre et à tout ce qu'elle engendre, dépassant de loin leurs conflits familiaux.

Pourquoi - comment ce livre ?

Parce que j'ai aimé Valentine ou le temps des adieux, lu en mai dernier. La plume de l'auteur et sa mise en scène de l'Histoire me plaisent vraiment.

Les premières pages en 3 minutes   

Mon avis 

Theresa Révay nous brosse ici une admirable saga, tableau de la fin d'une époque pour l'aristocratie anglaise : grèves ouvrières pour de meilleures conditions de travail, montée du féminisme avec les suffragettes et leur lutte pour le droit de vote, fin de règne des grandes maisons (qui n'a pas été sans m'évoquer Downtown Abbey) et ascension des nouveaux riches. Les débuts de l'aviation et le sujet des prêtres-soldats m'ont vraiment intéressée. L'entrée en guerre en 1914 va exacerber tous ces phénomènes et obliger hommes et femmes à se révéler. 

Les personnages sont magnifiques de justesse, poignants, l'époque et les cataclysmes qu'elle a engendrés extrêmement bien rendus parce que bien documentés, le tout dans une langue soignée et alerte que l'on a plaisir à suivre.

Ce roman est pour moi un coup de coeur et je vous le recommande vivement !

Citations

*L'une des facettes ténébreuses de l'amour adultère est qu'il se pratique le plus souvent en journée.

*La peur est une drôle de bête. Indocile. Perfide. Qui engendre l'agressivité et la violence. La peur est à la racine du mal.

* Lui et elle appartenaient à ces êtres dont l'alliance décuple les forces et les conduit à réaliser ensemble de grandes choses, tandis que séparément ils ne se révèleront jamais dans leur plénitude. Mais pour être deux, il faut renoncer à l'égoïsme, accorder à l'autre une place à part entière quand on se suffit si bien à soi-même. L'amour authentique est un élan qui réclame non seulement du courage mais aussi de l'humilité (...) qui n'est pas une faiblesse.

* Une femme donne toujours la vie. A un enfant comme à une âme meurtrie. C'est là son incomparable pouvoir.

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Dans Lecture

Notes de chevet de Sei Shonagon

Par Le 24/09/2014

Couverture Notes de Chevet

Editions Gallimard - Collection Unesco - Date de sortie : 23 octobre 1985 - ISBN 9782-070705337 - 367 pages - Traduction d'André Beaujard

Résumé 

Dans une traduction extrêmement élégante d'André Beaujard, nous présentons au lecteur français un des plus beaux livres de la littérature japonaise, les Notes de chevet de Sei Shônagon. Composées dans les premières années du XIe siècle, au moment de la plus haute splendeur de la civilisation de Heian, au moment où Kyôto s'appelait Heiankyô, c'est-à-dire « Capitale de la Paix », par une dame d'honneur, Sei Shônagon, attachée à la princesse Sadako, laquelle mourut en l'an 1000, les Notes de chevet appartiennent au genre sôshi, c'est-à-dire « écrits intimes ». Avec Les heures oisives de Urabe Kenkô et les Notes de ma cabane de moine de Kamo no Chômei, les Notes de chevet de Sei Shônagon proposent, sous forme de tableaux, de portraits, d'historiettes, de récits, une illustration du Japon sous les Fujiwara. Avec l'auteur du Roman de Genji, Noble Dame Murasaki, Sei Shônagon est une des plus illustres parmi les grands écrivains féminins du Japon. Si l'auteur du Roman de Genji est constamment comparé, dans son pays, à la fleur du prunier, immaculée, blanche, un peu froide, Sei Shônagon est égalée à la fleur rose, plus émouvante, du cerisier. Ceux qui liront, nombreux nous l'espérons pour eux, les Notes de chevet sont assurés de découvrir un des plus beaux livres jamais écrits en langue japonaise, et qu'une introduction et des notes leur permettront de goûter dans le plus intime détail, y compris tous les jeux subtils sur les mots.

Les premières pages en 3 minutes   

Mon avis

Découvert par le biais de mon atelier d'écriture, j'ai eu envie de me plonger dans cette merveille qui attire tant de superlatifs  et j'ai bien fait ! C'est un régal du début à la fin, appuyé par les notes et commentaires du traducteur qui tente de décrypter pour nous cette civilisation raffinée.

Quand on pense à l'époque à laquelle ces Notes de chevet, parfois aussi appelées Notes de l'Oreiller (explications dans le livre) ont été écrites, on est surpris de constater leur fraîcheur, leur actualité pour certaines, et le regard vif, voire acéré que cette noble dame de la cour portait sur son temps. Et même si, non spécialiste de la culture nippone, je n'ai sans doute pas saisi toutes les subtilités, je me suis laissée embarquer par le propos qui est remarquable à la fois par le procédé et par les sujets traités.

Une vraie découverte et un très gros coup de coeur !!

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Autour du monde de Laurent Mauvignier

Par Le 18/09/2014

Couverture Autour du monde

Editions de Minuit - Date de sortie : 4 septembre 2014 - ISBN 978-2707323859 - 372 pages

Résumé

Rencontrer une fille tatouée au Japon ; sauver la vie d’un homme sur un paquebot en mer du Nord ; nager avec les dauphins aux Bahamas ; faire l’amour à Moscou ; travailler à Dubaï ; chasser les lions en Tanzanie ; s’offrir une escapade amoureuse à Rome ; croiser des pirates dans le Golfe d’Aden ; tenter sa chance au casino en Slovénie ; se perdre dans la jungle de Thaïlande ; faire du stop jusqu’en Floride.

Le seul lien entre les personnages est l’événement vers lequel tous les regards convergent en mars 2011 : le tsunami au Japon, feuilleton médiatique donnant à tous le sentiment et l’illusion de partager le même monde.
Mais si tout se fond dans la vitesse de cette globalisation où nous sommes enchaînés les uns aux autres, si chacun peut partir très loin, il reste d’abord rivé à lui-même et à ses propres histoires, dans l’anonymat.

Pourquoi - comment ce livre ?

Pour le thème et pour l'auteur dont j'ai lu plusieurs romans que j'ai aimés.

Les premières pages en 3 minutes   

Mon avis

Dans ce livre-là, on fait le tour du monde avec les personnages qui n'ont a priori aucun lien, si ce n'est l'unité de temps. Ils sont loin de chez eux, en déplacement, le jour du tsunami de Fukushima en mars 2011. Une juxtaposition de petites histoires, de gens qui vivent leur petit quotidien "égoïste", alors même qu'une catastrophe est en cours.  Leurs vies sont présentées comme des cartes postales, mais des cartes postales intelligentes, bourrées de réflexion, sur eux-mêmes, sur leur place dans ce grand mouvement qui nous anime, ce carroussel ininterrompu qu'est la vie, enfin, pas si ininterrompu puisque Fukushima leur rappelle leur condition d'humains, mortels.

J'ai adoré ce roman qui va vite, qui nous embarque sur de longues phrases, comme s'il y avait urgence à tout dire. Et les transitions d'une histoire à l'autre sont subtiles comme des vagues qui nous entraîneraient inexorablement à un autre endroit de la planète. Par exemple, on est avec Taha et Yasemin nageant avec les dauphins aux Bahamas, et l'auteur écrit : "rien ne pourra interrompre la quiétude de ce moment dont ils garderont longtemps la trace, bien après leur retour à Istambul, alors que le soir même, à peine débarquée, il n'y aura en revanche pas une seconde de quiétude ni d'apaisement pour Salma...." Ca y est, on est déjà  un pied dans l'histoire suivante !

Il y a du souffle dans ce roman-là qui est pour moi, un coup de coeur que je vous conseille évidemment..

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Citations 

*Un appareil photo déclassifie le voyageur et le range de facto parmi les touristes, et parmi eux, au bas de l'échelle, le touriste qui croit vraiment qu'il fait oeuvre et accumule de quoi nourrir l'imaginaire de l'humanité par ses observations et la pertinence de ses découvertes.

*Pour les Massaï d'aujourd'hui, les touristes, les Blancs, les Land Cruiser et les téléobjectifs font partie du monde comme des objets dont on s'accomode, puisqu'on sait que plus jamais on ne vivra sans leur regard braqué sur nous.

*Les jeunes hommes, dès qu'ils ont une quinzaine d'années, sont envoyés loin du village pour qu'ils apprennent la prodigalité et la modestie afin d'affronter et d'appréhender la vie.

*Le passé ne passe pas et s'ankylose dans sa vie de tous les jours. Comme si c'était à cause de lui, le passé, que les vieux étaient si lourds et si lents à déplacer, à force de se déposer comme un limon, dans toutes les strates du corps.

* Plus il réfléchit, plus il se dit que c'était une erreur parce que, quand on part si loin de chez soi, ce qu'on trouve parfois, derrière le masque du dépaysement, c'est l'arrière-pays mental de nos terreurs.

Dans Lecture

Oraisons - L'intégrale de Samantha Bailly

Par Le 30/04/2014

Couverture Oraisons, intégrale

Editions Bragelonne - 29 mars 2013 - ISBN 978-2352946908 - 716 pages

Résumé

En Hélderion, la mort peut rapporter beaucoup… surtout à la famille Manérian, qui procède aux oraisons, les rites funéraires du royaume. Mais la réalité de la mort les frappe de plein fouet lorsqu’on retrouve le corps de leur plus jeune fille dans une ruelle sordide.
Tout désigne les clans, ces dangereux rebelles qui s’opposent à Hélderion. Aileen, prête à tout pour venger sa cadette, se lance dans une enquête qui la mettra à rude épreuve.
Noony, leur soeur aînée, se retrouve quant à elle aux premières loges de l’entrée en guerre de son pays contre le continent voisin. Mais elle est bien décidée à s’opposer à ce conflit qui pourrait tourner en véritable massacre.
Prises dans des intrigues dont les enjeux les dépassent, les deux soeurs devront affronter le système qui les a forgées.

Pourquoi - comment ce livre ?

J'ai déjà lu deux romans de cette jeune auteur et j'aime son univers, alors j'ai eu envie de lire son premier dyptique, publié en intégrale chez Bragelonne.

Mon avis 

Elle est jeune "il est vrai, mais aux âmes bien nées, la valeur n'attend pas le nombre des années". Empruntée à Dom Rodrigue dans le Cid, cette citation me semble parfaitement convenir à cette auteur. Quand on sait qu'elle a commencé à écrire ce roman pendant son année de terminale, on est littéralement bluffés. Car elle nous offre là tout un monde, construit, cohérent, avec toutes ses composantes : politique, sociologique, économique, religieuse et une histoire qui soulève bien des questions sur la vie, la mort, les fidélités, les manipulations génétiques, la religion, bref un niveau de réflexion déjà élevé...

La construction du roman est aussi très intéressante. On suit tour à tour le parcours des deux soeurs Aileen et Noony et l'auteur jette ses filets en Thyrane, en Rouge Terre, avant de tout rassembler en Heldérion, à Abranelle précisément, où on obtient le fin mot de ce qui a été esquissé tout au long du roman. Les chapitres, qui commencent  par une définition, un article d'encyclopédie, une régle de jeu ou une précision sur un personnage, sont entrecoupés d'interludes qui font avancer l'histoire de manière habile. L'écriture est fluide, maîtrisée, agréable à lire, et le texte est émaillé de poèmes, extraits d'une pièce de théâtre, paroles de chansons, tous inventés pour ce monde-là, ce qui montre que l'auteur s'est essayée à plusieurs genres avec succès.

La palette de  personnages est riche, très riche, tant de personnages principaux que secondaires, les caractères bien travaillés et bien rendus, avec quelques chouchous pour ma part : Noony, Heptiel, Orius et Shala. On peut saluer aussi la création des animaux :  trois-larmes, chawins, unis et autre sang-de-lune. 

C'est donc au final un roman magnifique, foisonnant (sans qu'on s'y perde), dans lequel on aime à s'immerger jusqu'à oublier le monde alentour, les pages tournent et on en sort à regret, en se disant que l'auteur nous a offert là un bien joli moment de lecture, digne des grands noms de la fantasy. 

Un vrai grand coup de coeur pour moi !!

Citations

*Les premières fois sont toutes inoubliables, magiques. Ce sont des expériences banales mais l'attrait de l'inconnu les rend extraordinaires... Ce sentiment de nouveauté, cette surprise et toutes ces premières fois à tenter me rendent amoureuse de la vie.

*Rien n'est plus doux que le sentiment d'être protégé de tout. Rien n'est plus doux que l'amour d'une mère.

Challenge de lecture 2014 : Le bingo des livres

Dans Lecture

Le châle de cachemire de Rosie Thomas

Par Le 16/04/2014

Couverture Le Châle de cachemire

Editions Charleston - 26 avril 2013 - ISBN  978-2368120033 - 490 pages - Traduction de Marie-Axelle de La Rochefoucauld

Résumé

Pays de Galles, 1940. Jeune mariée, Nerys Watkins quitte la campagne galloise pour accompagner son mari missionnaire affecté en Inde. Alors que la guerre du Cachemire éclate, elle découvre Srinagar, la ville au bord du lac, où les Britanniques habitent de luxueux bateaux et dansent, flirtent et cancanent comme s'il n'y avait pas de guerre. Nerys est entraînée dans une dangereuse amitié et, au moment où elle retrouve son mari, l'innocente épouse galloise n'est plus la même femme. Des années plus tard, alors que Mair Ellis débarrasse la maison de son père, elle découvre un éblouissant châle ancien et une boucle de cheveux d'enfant. Se rendant au Cachemire sur les traces de ses grands-parents, Mair se lance dans une quête qui changera à jamais sa vie.

Pourquoi - comment ce livre ?

Depuis sa sortie, ce livre me fait de l'oeil grâce à sa belle couverture.

L'auteur nous présente son roman.

 

Mon avis 

Voilà un roman comme je souhaiterais en écrire ! j'y ai trouvé tous les ingrédients qui font que le lecteur est hâpé dès les premières lignes.

Au décès de leur père, les trois enfants se retrouvent pour vider la maison.  Chacun souhaite conserver quelques souvenirs de leurs parents défunts, en fonction de son mode de vie et de son caractère. Mair, célibataire, sans projet précis, prend un châle, une enveloppe avec une mèche de cheveux et une photo, qui ont appartenu à leur grand-mère Nérys.

A partir de là se tisse l'histoire de cette grand-mère, femme de missionnaire en Inde pendant la seconde guerre mondiale.

Et quand Mair décide de partir dans le Cachemire pour retrouver le fil de l'histoire de ce châle, un nouveau motif va se dessiner autour du précieux lainage.

Dans ce roman, il y a tout ce qui fait un très beau texte : l'Histoire qui croise les histoires personnelles ou collectives, les lieux grandioses décrits par petites touches tellement réalistes qu'on croirait y être, de nombreux sujets : la vie à l'arrière et l'adultère en temps de guerre, l'ascension des grands sommets himalayens, les missionnaires chrétiens en Asie, les conditions de vie dans les villages du Cachemire... Et les gens surtout ! L'auteur nous livre ici une galerie de personnages tous plus attachants avec un gros "plus" pour Rainer, Myrtle, Farida et Bruno....

C'est une véritable fresque chatoyante, épicée, tissée sur la trame du châle de Zahra. Magnifique, envoûtant, addictif !!! L'auteur a reçu pour ce roman le Grand Prix du Roman en Angleterre en 2012, ô combien mérité.

Un coup de coeur pour moi... qui le sera pour vous assurément ! Clin d'œil

Citations :

* Le monde n'était pas noir ou blanc en terme d'amour. ll y avait d'infinies permutations de couleurs, et cent mille degrés de sentiments, entre aimer et ne pas aimer.

*Il n'y a point de génie sans un grain de folie.

*C'était peut-être cela, vieillir : prendre conscience de plus en plus que tout ce qui vous arrive recouvre des souvenirs plus anciens, déclenche de nouvelles vagues d'associations, jusqu'à ce que chaque évènement vous semble autant la résonance du passé que la réalité présente.

*Comme il est étrange que eux personnes puissent avoir une conversation tout hau et, simultanément, en avoir une autre dans leurs coeurs.

Dans Lecture

Les brumes de l'apparence de Frédérique Deghelt

Par Le 20/03/2014

Couverture de Les brumes de l'apparence

Editions Actes Sud - 5 mars 2014 - ISBN 978-2330030230 - 372 pages

Résumé

À l'occasion d'un héritage, Gabrielle, une Parisienne dont la vie bourgeoise ne souffre aucune remise en question, se révèle médium, à l'aube de ses quarante ans. Cette faculté, d abord violemment refusée, va bouleverser sa vie et l'obliger à reconsidérer son existence.

Pourquoi - comment ce livre ?

Parce que j'ai lu La Grand-mère de Jade et La nonne et le Brigand, et que j'ai adoré l'écriture de cet auteur. Aussi parce que le sujet des dons, de la paranormalité... m'intéresse.

Mon avis à venir 

Nous accompagnons Gabrielle dans sa découverte de l'héritage que lui transmet Francesca Ambroisine, sa tante dont elle n'a jamais entendu parler. Et au-delà de l'héritage matériel, la forêt et les deux constructions qu'elle abrite, c'est autre chose de bien plus grand qui lui échoit.

Nous sommes alors entraînés dans cette quête d'elle-même que va vivre notre sympathique héroïne (même si je l'ai parfois un peu trouvée agaçante dans ses atermoiements, mais ne le serait-on pas à sa place ?). De rencontres en révélations, d'incendie en rénovation, au fil de son introspection, elle va se découvrir autre, plus profonde, plus concernée par ses concitoyens et son ancienne vie finira par lui paraître bien insipide.

C'est formidablement écrit, avec du rythme, une plume plaisante à suivre, des personnages attachants. Frédérique Deghelt nous encore là un roman magnifique. Et courageux. Car s'attaquer au controversé thème de la médiumnité, de l'existence ou non d'un au-delà, nous fait parfois passer pour des "lulus"....

Vous le comprenez aisément, ce roman est mon 4ècoup-de-coeur-4.jpgde l'année 2014 !

Et un petit "plus" pour la couverture très réussie, apaisante.

Dans Lecture

L'autre d'Olivier Descosse

Par Le 07/03/2014

Couverture L'autre

Editions Delpierre - 20 février 2014 - 408 pages

Résumé

«Si vous pouviez vous projeter au plus profond de votre esprit, le feriez-vous ?»
À vingt-­cinq ans, Julien Ducat mène une vie passionnante. Il est pilote de jet privé, fréquente des célébrités et enchaîne les conquêtes féminines. Son seul problème : une anesthésie affective qui l'empêche de tomber amoureux.
Pourtant, une mystérieuse jeune femme va bouleverser la donne. Qui est-­elle ? D'où vient- elle ? Pourquoi tient-­elle tant à l'aider ? A-­t-elle un lien avec ces hallucinations dont souffre Julien depuis qu'il a involontairement absorbé du LSD ?
Pour comprendre, il n'aura d'autre choix que de plonger dans les zones sombres de sa mémoire. Celles dont il a gommé l'existence quand il était enfant.

Pourquoi - comment ce livre ?

Je n'ai encore rien lu de cet auteur qui fait partie de La Ligue de l'Imaginaire comme Henri Loevenbruck, Bernard Werber, Maxime Chattam, Patrick Bauwen..., tous auteurs que j'apprécie énormément.

Mon avis 

Voilà le genre de roman dont on sort sonné...et infiniment bien. C'est juste magnifique ! Il y a TOUT : le rythme, le style, l'histoire.

On est plongé dans l'(en)quête parapsychologique que va mener Julien pour surmonter son amnésie affective. Il est question d'Energie, de choix, de chemin de vie, de décorporation. C'est bien documenté, ce qui rend le récit crédible et cohérent.

On voyage aussi, accompagnant Julien dans ses missions professionnelles (il est pilote) à Dubaï, en Russie, au Mexique, puis au Pérou où il va chercher des réponses personnelles.

Beaucoup de dialogues et de courts chapitres donnent du rythme au récit. Des personnages aidants (avec un petit plus pour Yannick Clin d'œil), peu de femmes mais celles présentes sont de belles personnes. Julien ne m'était pas particulièrement sympathique au tout début, mais sans que j'y prenne garde, il m'a catchée et entraînée dans son aventure, et j'avoue que je n'ai pas résisté beaucoup !

Jusqu'aux toutes dernières pages, l'auteur distille des révélations et c'est à regret qu'on referme le livre, dont j'ai surtout apprécié le côté positif du propos.

Vous l'aurez compris, c'est un COUP DE COEUR !

Bonus : un entretien avec l'auteur 

Dans Lecture

Du bonheur, un voyage philosophique de Frédéric Lenoir

Par Le 22/02/2014

La
Couverture Du bonheur : un voyage philosophique

Editions Fayard - 30 octobre 2013 - 240 pages

Résumé

Qu'entendons-nous par « bonheur » ? Dépend-il de nos gènes, de la chance, de notre sensibilité ? Est-ce un état durable ou une suite de plaisirs fugaces ? N est-il que subjectif ? Faut-il le rechercher ? Peut-on le cultiver ? Souffrance et bonheur peuvent-ils  coexister ?

Pour tenter de répondre à ces questions, Frédéric Lenoir propose un voyage philosophique, joyeux et plein de saveurs. Une promenade stimulante en compagnie des grands sages d Orient et d Occident.Où l on traversera le jardin des plaisirs avec Epicure. Où l on entendra raisonner le rire de Montaigne et de Tchouang-tseu. Où l on croisera le sourire paisible du Bouddha et d Epictète. Où l on goûtera à la joie de Spinoza et d Etty Hillesum. Un cheminement vivant, ponctué d exemples concrets et des dernières découvertes des neurosciences, pour nous aider à vivre mieux.

Pourquoi - comment ce livre ?

Une nouvelle "livraison" de Frédéric Lenoir est toujours promesse de pause réflexive, intelligente, et le sujet de ce livre me tient particulièrement à coeur.

Mon avis 

Ah que voilà un livre intelligent ! qui nous fait promener main dans la main avec les philosophes du bonheur, au gré de la réflexion menée par l'auteur sur ce mot magnifique. On croise les grands antiques, mais aussi Montaigne, Spinoza, Schopenauer, les occidentaux comme les orientaux, et on a un réel plaisir à rencontrer leur pensée, à la passer au filtre de la nôtre. Les avancées continuelles des neurosciences apportent également de l'eau au moulin.

Pour construire son bonheur, vivre et faire vivre le concept, deux options : soit, à l'instar des civilisations traditionnelles et d'autres, on ne se pose pas de question et on vit l'instant dans la communion avec la nature, dans le respect de l'autre, dans le partage ; soit on s'y penche et,  avec l'aide des penseurs de tous temps, on avance dans la (re)connaissance du concept. Les mots sont définis, précisés, la pensée ciselée pour en affiner les contours, un régal, je vous dis !

Le cheminement de pensée de l'auteur est fluide, extrêmement aisé à suivre et donne envie de noter un tas de phrases qui "nous parlent" tout au long de la lecture. L'autre alternative est peut-être de relire régulièrement ce petit livre, pétillant comme bulles de bonheur  !!!

Voici donc mon 2è coup-de-coeur-4.jpgpour 2014 !

Une citation  

"...on peut estimer à environ 50 % les aptitudes au bonheur dépendant de la sensibilité de l'individu (déterminants génétiques), à 10 % celles relevant de son cadre de vie et des conditions extérieures, à 40 % celles qui sont tributaires de ses efforts personnels." (revue L'Essentiel - Cerveau et Psycho - mai-juillet 2013 - p. 14)

Bonus : un entretien avec l'auteur.

Dans Lecture

Retour à Salem d'Hélène GRIMAUD

Par Le 03/01/2014

Editions Albin Michel - 2013 - 250 pages

Résumé

Un soir, à Hambourg, Hélène Grimaud découvre un étrange manuscrit composé de lettres, de confidences, d eau-forte et de partitions de musique. Sa lecture la bouleverse. Elle ne sait pas que la reconstitution de l incroyable rébus dans laquelle elle se lance va la projeter dans un monde fantastique, rongé de pluies acides, hanté par la légende de Beowulf et d étranges créatures, et la ramener dans les terres inviolées du grand Nord, de la neige et des loups. Mais elle a, pour découvrir le secret que recèlent les pages du manuscrit, quelques concertos, la musique de Brahms, un miroir et une petite clé d or... 
Cette autofiction, subversive et noire, en déséquilibre permanent entre confession et onirisme, entre réalité et imaginaire, pose les questions chères depuis toujours à la pianiste : l avenir des loups et de notre planète, et le recours de la musique et de la nature.

Pourquoi - comment ce livre ?

J'aime les loups ; sachant qu'Hélène Grimaud en est passionnée elle aussi (elle participe activement à la conservation de l'espèce), je suis curieuse de lire cette autofiction.

Mon avis 

J'ai à peine refermé le livre que déjà il me manque, bien qu'il parle peu des loups ! Je m'explique...

Si vous pensez lire un roman, oubliez !! Ce livre est un prétexte : prétexte à réfléchir (comme le miroir d'Alice Sourire), prétexte aussi à s'interroger, sur soi, sa vie, son futur, sur son origine aussi, à ouvrir son coeur.

Dans notre monde de vitesse, consommation, profit, il invite à regarder en arrière pour retrouver le point de départ (notre Jardin d'Eden), afin de repenser notre chemin le long de la flèche orientée de la Vie.

Assurément enfant précoce, devenue adulte à haut potentiel, les antennes toujours déployées dans toutes les directions (de la Connaissance ?), Hélène Grimaud nous offre là un échantillon de sa pensée en arborescence, une idée en appelant une autre, se scotchant sur le déjà-connu de sa grande culture, tant littéraire musicale, qui lui permet de relier les éléments entre eux.

J'ai adoré suivre son "enquête" (je préfère ce mot à celui de "quête initiatique" que j'ai lu au sujet de ce livre) que le "hasard" sert magnifiquement, lui apportant au moment opportun, l'indice qui va la faire avancer, ou bien l'association d'idées nécessaire à la compréhension du manuscrit de Karl Würth. (C'est le propre de ce qu'Olivier Revol appelle "les sentinelles" de sentir et ressentir les choses avant tout le monde, et à travers des perceptions inexplicables au plus grand nombre.)

Souvent pendant la lecture, on oscille entre fiction et réalité, mais plaidoyer écologique profondément humaniste (plus que politique, encore que...), ce texte m'a séduite au-delà de ce que faisait espérer sa 4è de couverture et m'a donné envie de "revisiter" les Romantiques (tant écrivains que musiciens) dont Hélène Grimaud pense qu'ils ont peut-etre été, par leur sensibilité exacerbée, les vrais derniers à crier à l'aide pour notre planète, avec des mots, avec des notes, raison suffisante pour un monde tourné vers le Dieu Fric pour  les reléguer dans l'oubli.

Magnifique premier coup de coeur de l'année 2014 ! à relire assurément très bientôt pour approfondir une lecture qui m'a entraînée trop vite vers la dernière ligne.

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