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Lady Hunt d'Hélène Frappat

Editions Actes Sud Littérature - domaine français - 17 août 2013 - ISBN 978-2330023553 - 318 pages
Résumé
Laura Kern est hantée par un rêve, le rêve d'une maison qui l'obsède, l'attire autant qu'elle la terrifie. En plus d'envahir ses nuits, de flouter ses jours, le rêve porte une menace : se peut-il qu'il soit le premier symptôme du mal étrange et fatal qui frappa son père, l'héritage d'une malédiction familiale auquel elle n'échappera pas ?
D'autres mystères corrompent bientôt le quotidien de la jeune femme, qui travaille pour une agence immobilière à Paris plus un effet secondaire qu'une carrière. Tandis qu'elle fait visiter un appartement de l'avenue des Ternes, Laura est témoin de l'inexplicable disparition d'un enfant.
Dans le combat décisif qui l'oppose à l'irrationnel, Laura résiste vaillamment, avec pour armes un poème, une pierre noire, une chanson, des souvenirs... Trouvera-t-elle dans son rêve la clé de l'énigme du réel ? Sur la hantise du passé qui contamine les possibles, sur le charme des amours maudites, la morsure des liens du sang et les embuscades de la folie, Hélène Frappat trace une cartographie intime et (hyper)sensible de l'effroi et des tourments extralucides de l'âme. Des ruines du parc Monceau à la lande galloise, avec liberté et ampleur elle réinvente dans Lady Hunt le grand roman gothique anglais, et toutes les nuances du sortilège.
Pourquoi - comment ce livre ?
Noté dès sa parution lors de la rentrée littéraire de septembre 2013, acheté il y a quelques mois, je n'arrivais pas à m'y plonger, malgré une 4è de couverture alléchante, car les critiques sont très contrastées. Cela dit, j'ai décidé de "purger" ma PAL, alors je me jette à l'eau !
Les mots de l'auteur
Lady Hunt est mon roman des premières fois. Premier roman écrit à la première personne ;premier récit greffé à mes expériences esthétiques les plus intenses (roman gothique anglais et américain ; cinéma fantastique) ; première tentative de “partage” de son écriture avec les participants d’une résidence (les patients du service de Psychopathologie de l’enfant et de l’adolescent de l’hôpital Avicenne de Bobigny).
Mon héroïne est hantée par le rêve d’une maison, et le cauchemar d’une maladie. Sa hantise m’a contrainte à affronter la mienne. Plus le “je” était de fiction, plus il a convoqué les images manquantes de ma mémoire, et m’a aidée à construire un récit d’où, pour la première fois, les blancs – blanc de la folie de mon père, épisodes troués de mon enfance, dont la violence est remontée à la surface, telles les fleurs de nénuphars du poème que le père de Laura Kern lui lit chaque soir – se sont remplis, comme un tableau “en réserve” qui s’anime soudain de couleurs, comme le film ensorcelant que vous dictent vos rêves. J’ai ouvert les yeux dans le noir, et me suis avancée sans peur, avec joie, à la rencontre de la petite flamme rouge de Lady Hunt.
Mon avis
Je suis bien ennuyée pour faire un billet sur ce roman
On ne peut pas dire que je n'ai pas aimé, je suis allée jusqu'à la fin sans lassitude, et même assez rapidement, presque addictivement, MAIS je ne sais pas trop ce que j'ai lu !!
Il y est question du rêve récurrent au sujet d'une maison qui est aussi un tableau, de la maladie génétique du père dont les filles ont une chance sur deux d'avoir hérité, du magnifique poème de Tennyson "the Lady of Shalott", du Patron qui est l'amant mais qui sera détrôné par R. qui "sait"comme le jeune Arthur.... Bref un joyeux galimatias, pas si joyeux que ça d'ailleurs ! On tourne les pages, on ne s'attache à aucun des personnages, mais on va au bout quand même, de ce roman à la plume parfois poétique, pour lequel l'auteur a bénéficié d'une résidence d'artiste....
Citations
*Quel amour, clandestin surtout, durerait sans posséder son territoire unique ?
*Le casino est un mouroir où des vieillardes échangent leur retraite contre des jetons d'écoliers.
*Londres est une ville d'aquarelle. La pluie délave les couleurs comme l'eau celles du pinceau.
N'oublier jamais de Michel Bussi

Editions Presses de la Cité - 7 mai 2014 - 879 KB (500 pages papier)
Résumé
" Vous croisez au bord d'une falaise une jolie fille ? Ne lui tendez pas la main ! On pourrait croire que vous l'avez poussée. " Il court vite, Jamal, très vite. A cause de sa prothèse à la jambe et autres coups du sort, il a un destin à rattraper et l'ambition de devenir le premier handicapé à réaliser l'une des courses d'endurance les plus ardues du monde, l'Ultra-Trail du Mont-Blanc. Parti s'entraîner, ce matin de février, sur la plus haute falaise d'Europe, il a d'abord remarqué l'écharpe rouge accrochée à une clôture ; puis la vision d'une femme, incroyablement belle, les yeux rivés aux siens, prête à sauter dans le vide. Ils sont seuls. Le temps est suspendu. Ultime recours, Jamal lui tend l'écharpe, mais la femme bascule. Quelques secondes plus tard, sur les galets glacés de la plage déserte, Jamal trouve le corps inerte de l'inconnue, un filet de sang qui s'échappe du crâne. A son cou, l'écharpe rouge.
Ceci est la version de Jamal. La vraie ?
Pourquoi - comment ce livre ?
Parce que je suis fan de l'auteur et que je me rue sur toute nouvelle publication.... 
Mon avis
L'histoire se passe dans la Normandie de l'auteur, entre le pays de Fécamp et le pays de Bray (nous ferons juste une incursion dans le département voisin, à Isigny-sur-Mer). Jamal, le personnage principal, a la parole dans les trois premières parties, avant de laisser le narrateur omniscient reprendre les rênes pour nous conter la fin. Jamal, coupable ou manipulé ? ou....
Il y a du rythme, des rebondissements, des intrications de faits, des points d'interrogation qui parfois tardent à trouver une réponse, emberlificotée à souhait. Tellement on a hâte de comprendre, on tourne les pages, sans se laisser distraire par le boulot ou le repas à préparer et... on reste "baba" par le dénouement ! Bref, on est alors énervés parce qu'il va falloir attendre un an au moins avant le prochain Bussi...diable d'homme !
Un très, très bon moment de lecture (cependant, pas un coup de coeur comme l'avait été Ne lâche pas ma main)
Citation
*Car à bien y réfléchir, n'est-il pas plus facile de croire la version des flics et des experts plutôt que celle d'un Arabe infirme qui bosse chez les fous ?
Summerset Abbey - T1 Les héritières de T.J. Brown

Editions France Loisirs - 2014 - ISBN 978.2-298-08187-9 -382 pages - Traduction de Sophie Pertus
Résumé
Londres, 1913. Prudence a grandi auprès de Rowena et Victoria, qu'elle considère comme ses soeurs, oubliant parfois qu'elle n'est que la fille de la préceptrice. À la mort de sir Philip, les deux orphelines sont recueillies par leur oncle au domaine de Summerset Abbey, mais pour rester avec elles, Prudence doit accepter de rejoindre le rang des domestiques. Alors que le monde moderne frappe à la porte du manoir, la jeune femme se retrouve face à son destin.
Pourquoi - comment ce livre ?
Achat trimestriel à faire et un petit parfum de Downtown Abbey que j'adore.
Mon avis
Un premier tome sans grande surprise, si on connaît la série Downtown Abbey (*). On y retrouve chez les domestiques, le majordome hyper strict sur les convenances, la gouvernante, les jalousies entre petites gens, et, chez les aristos, la course au bon mariage, les histoires d'héritage et autres vacheries entre gens de qualité. L'originalité tient donc au personnage de Prudence "passée du haut vers le bas", après la mort de son protecteur, père de ses deux amies Victoria et Rowena.
Ca se lit aisément, grâce à un style fluide qui équilibre bien récit et dialogues. Peut-être lirai-je les deux autres tomes à leur sortie, prévue aux deux prochains trimestres !
(*) et si on ne la connaît pas, grave erreur à réparer d'urgence, ne serait-ce que pour faire connaissance de la délicieuse Lady Violet !! 
Les âmes perdues d'Angelkov de Linda Holeman

Editions France-loisirs - Février 2014 - ISBN 9782-298-07878-7 - 685 pages - traduction de Natalie Zimmerman
Résumé
1863. En Russie. Dans le vaste domaine d'Angelkov, la jeune comtesse Antonina mène une vie solitaire auprès de son mari, homme puissant et redouté, et de leur fils Micha, 9 ans.
Par un glacial matin d'hiver, le petit garçon est kidnappé par des soldats sous les yeux de son père. Celui-ci, blessé, ne se remettra pas de cette agression. Antonina devra alors rechercher seule son fils. Le retrouver devient son obsession. Pourra-t-elle compter sur le soutien de sa servante dévouée Lilia ? Et que cache Gricha, le mystérieux régisseur du domaine, secrètement amoureux de la comtesse ?
En cette période de tourmentes et de trahisons, Antonina ne sait plus en qui elle peut avoir réellement confiance...
Pourquoi - comment ce livre ?
Achat du trimestre chez France-loisirs, annoncé comme exclusivité du Club. Le livre se présente comme un coffret avec la couverture aimantée.
Mon avis
Un bon roman avec du rythme. Les retours sur le passé des personnages entrecoupent le récit et éclairent l'histoire en train de se dérouler. Des personnages complexes et intéressants : Antonina empêtrée dans les conventions, son alcoolisme, son amour pour son fils, son attirance pour Gricha, ne parvient pas à se mobiliser dans la recherche de son enfant ; le régisseur, partagé entre sa haine pour le comte et sa passion naissante pour Antonina, accumule les faux-pas ; Lilia, amoureuse de sa patronne, la dessert plus qu'autre chose ; mes préférés, Valentin le musicien et Liocha, le jeune frère de Lilia, qui sont les seuls réellement authentiques. Le tout dans une période historique troublée à souhait.
Ca se lit vite parce qu'on veut arriver au dénouement et savoir ce qu'il va advenir du jeune Micha.
Bon moment de lecture assuré !

Transatlantic de Colum McCann

Editions Belfond - 22 août 2013 - ISBN 978-2714450074 - 375 pages - Traduction de JLuc Piningre
Résumé
Etats-Unis et Irlande, de 1845 à 2011
1919. Aviateurs vétérans de la Grande Guerre, Jack Alcock et Teddy Brown s’apprêtent à un nouveau défi : de Terre-Neuve jusqu’en Irlande, effectuer le premier vol transatlantique sans escale de l’Histoire.
Leurs voisines de chambre, Emily Ehrlich, pétulante journaliste, et sa fille Lottie, leur confient une lettre à l’attention de leur famille installée à Cork.
1845. Esclave affranchi, Frederick Douglass répond à l’invitation de son éditeur pour présenter ses Mémoires et traverse l’Atlantique pour arriver dans une Irlande frappée par la Grande Famine.
Lily Duggan, une jeune bonne sera marquée à vie par sa rencontre avec cet homme extraordinaire.
1998. New York-Londres-Belfast-Dublin-Washington-New York : observateur du processus de paix en Irlande du Nord, le Sénateur Mitchell passe sa vie dans les airs. Pour égayer son existence monotone, il se raccroche à certains petits moments de grâce. Comme sa rencontre avec cette femme malicieuse de 96 ans, Lottie.
1863. Inspirée par Douglass, Lily Duggan est partie et a refait sa vie dans le Missouri. Mais un drame va venir frapper son foyer. De ses six enfants, seule une fille survivra, Emily.
1929. Dix ans après le vol d’Alcock et Brown, Emily et Lottie, refont la traversée sur les traces des deux héros aviateurs. Brown leur remet la lettre qu’il avait soigneusement conservée.
2011. Dans une Irlande en pleine crise, Hannah, quadra solitaire, croule sous les dettes. Et si la lettre de sa grand-mère, rédigée un siècle plus tôt, pouvait lui sauver la vie ?
Pourquoi - comment ce livre ?
Après avoir regardé La Grande Librairie, consacrée aux écrivains de Dublin - Parce que je n'avais encore rien lu de cet auteur que j'ai trouvé infiniment sympathique lors de l'émission - Parce que l'Irlande est chère à mon coeur....
Mon avis
Un bon roman à la construction astucieuse. Les trois premiers récits posent des histoires qui a priori n'ont rien à voir entre elles, sauf que notre auteur peu à peu tire les ficelles et fait les liens dans une deuxième partie, pour un final un peu trop délayé et amer à mon goût ; mais je dis chapeau bas pour une telle maîtrise du récit. De beaux personnages de femmes, comme Lily Duggan par exemple. Un témoignage fort sur les liens indéfectibles entre Etats-Unis et Irlande.
Je tenterai la lecture de son précédent roman "et que le vaste monde poursuive sa course folle" pour décider si je continuerai à suivre l'auteur.
Bonus
*Un entretien exclusif de l'auteur avec Amazon, sur son écriture de Transatlantic
Espace
J'écris dans le placard. Littéralement. J'ai réorganisé mon bureau afin d'intégrer une table en U que j'ai poussée vers l'arrière de la pièce, dans un placard. Je me suis rendu compte que j'aimais m'asseoir sur la table, les jambes tendues, dans...d'accord, je l'admets...le placard. L'ordinateur portable sur mes genoux. Entouré de nombreuses photos et d'une collection de bibelots sur les étagères. Un portrait de James Joyce. Un cliché avec Peter Carey et Nathan Englander. D'anciens portraits de famille. Quand des amis viennent me rendre visite dans mon bureau ils écrivent sur mon mur. Des graffitis spirituels. J'aime cet espace justement parce qu'il est confiné. Ma vue, mon écriture restent concentrées. Pas de fenêtre. Lorsque je révise un texte ou travaille sur un projet journalistique, je sors de mon placard et travaille à mon bureau comme une personne normale.
Outils
J'aimerais vous dire que j'écris au stylo ou au crayon sur du papier ancien, avec des encriers et du papier buvard et tout cet attirail épistolaire, mais j'écris directement sur un ordinateur. En réalité, c'est très difficile d'écrire à la main. Et j'en suis très déçu. Un jour viendra peut-être où j'écrirai à la main, comme je le faisais étant enfant, mais je suis devenu journaliste entre temps et j'écris donc sur un clavier depuis plus de trente ans. Je possède un vieil ordinateur portable plein de miettes (et pour vous dire la vérité, plein de cheveux arrachés). Je n'ai pas de logiciels high-tech ni de rituels d'écriture, hormis bien sûr le fait de me retirer dans le placard.
Bande-son
J'ai travaillé récemment avec ce fabuleux musicien anglais, Moss Freed, auteur de l'album "What Do You See When You Close Your Eyes.” Il compose et relie ses œuvres au monde littéraire. Il utilise une série d'histoires courtes adaptées à sa musique, un mélange subtil de jazz aux thèmes populaires et aux arrangements classiques tranchants. Pour lui l'univers musical et littéraire sont étroitement liés et se complètent inexorablement. Il dit souvent c'est un peu comme écouter en 3D.
Et j'écris en musique. Van Morrison, Lisa Hannigan, Joe Henry et Brian Kennedy ont accompagné l'écriture de mon dernier livre, Transatlantic. Je laisse la musique envahir la pièce. Mais je suis vraiment vieux jeu. J'aimerais pouvoir encore écouter des 33 tours. Et j'ai des centaines de vieilles cassettes qui traînent, inutilisées.
La musique et le rythme sont indispensables lorsque j'écris. J'arpente mon appartement en lisant des textes à haute voix. Mes enfants pensent que je suis cinglé.
Carburant
Un café et une tranche de pain grillé pour le petit déjeuner. Bien évidemment les miettes tombent dans le clavier. Voilà mon quotidien. Je viens de trouver mon épitaphe. "Les miettes se sont retrouvées dans son clavier."
Je n'aime pas boire et écrire. Cela a tendance à me décourager. Si tard le soir j'ai déjà bu un verre ou deux, je ferai un peu de corrections mais c'est dangereux de travailler avec l'esprit altéré par l'alcool. Bien sûr, la jeune génération d'auteurs a tendance à croire à tort que c'est le carburant indispensable.
Mais écrire c'est écrire. Cela n'a rien à voir avec la nourriture et la boisson, bien qu'elles continuent d'inspirer de nombreuses métaphores littéraires. Au final, tu dois te maintenir en bonne santé. Je m'intéresse de plus en plus aux carburants dont mon corps a besoin pour nourrir mon imagination. Je n'ai pris aucune grande mesure en faveur d'une alimentation vraiment saine. Je ne suis pas végétarien contrairement à ma fille Isabella, et je pense vraiment qu'elle influence mes choix alimentaires.
Mots
J'aime lire de la poésie pour lancer la machine. J'aime particulièrement me plonger dans la poésie de Jim Harrison, Wendell Berry, Seamus Heaney, Dylan Thomas, Hopkins. Surtout lorsque je suis perdu. J'essaie de ne pas me préoccuper de leur influence sur mon travail mais nous forgeons notre plume grâce à d'autres plumes.
Pour m'échapper, je ne lis que les meilleurs. Ondaatje. Doctorow. Carey. DeLillo. Morrison. Erdrich. Rushdie. O’Connor, Hemon, Doyle, Bloom. Mais je déteste parler des livres et de mes auteurs favoris parce que j'en oublie toujours un. Je lis de tout mais uniquement parce que le monde littéraire regorge de merveilles.
Inspiration
Je cours tous les jours ou tous les deux jours dans Central Park. Cela m'aide à me vider l'esprit. Je cours avec un très bon ami médecin, Jim Marion. Nous courons tout en discutant de théologie ou de notre dernière gueule de bois. Je partage mes idées avec lui. C'est quelqu'un qui sait écouter. Je fais également du vélo dans le parc avec mon fils. Pas de sieste ! Non ! Une sieste m'achèverait. J'aime cette sensation de fatigue à la fin de la journée. Suivie d'une bonne nuit de sommeil.
Tentation
La tentation est trop forte quand il est question d'e-mail et d'internet. En particulier lorsque l'écriture ne va pas très fort, ce qui est le cas la plupart du temps (notamment en plein milieu d'un roman). J'ai tendance à surfer sur Soccernet.com pour suivre mon équipe favorite, Stoke City. Mais quelle perte de temps. Je regarde les matchs de football les plus obscurs. C'est une vraie maladie. Mes autres vices sont plus ordinaires ... mais je couche la plupart de mes vieux démons sur papier. J'aime devenir "autre" dans les œuvres de fiction. Cela me permet d'être relativement normal dans la vraie vie.
Citations
*Bons musiciens les Irlandais, mais tous leurs chants d'amour sont tristes et tous leurs chants de guerre sont gais.
*Le monde a cela d'admirable qu'il ne s'arrête pas après nous.

Oraisons - L'intégrale de Samantha Bailly

Editions Bragelonne - 29 mars 2013 - ISBN 978-2352946908 - 716 pages
Résumé
En Hélderion, la mort peut rapporter beaucoup… surtout à la famille Manérian, qui procède aux oraisons, les rites funéraires du royaume. Mais la réalité de la mort les frappe de plein fouet lorsqu’on retrouve le corps de leur plus jeune fille dans une ruelle sordide.
Tout désigne les clans, ces dangereux rebelles qui s’opposent à Hélderion. Aileen, prête à tout pour venger sa cadette, se lance dans une enquête qui la mettra à rude épreuve.
Noony, leur soeur aînée, se retrouve quant à elle aux premières loges de l’entrée en guerre de son pays contre le continent voisin. Mais elle est bien décidée à s’opposer à ce conflit qui pourrait tourner en véritable massacre.
Prises dans des intrigues dont les enjeux les dépassent, les deux soeurs devront affronter le système qui les a forgées.
Pourquoi - comment ce livre ?
J'ai déjà lu deux romans de cette jeune auteur et j'aime son univers, alors j'ai eu envie de lire son premier dyptique, publié en intégrale chez Bragelonne.
Mon avis
Elle est jeune "il est vrai, mais aux âmes bien nées, la valeur n'attend pas le nombre des années". Empruntée à Dom Rodrigue dans le Cid, cette citation me semble parfaitement convenir à cette auteur. Quand on sait qu'elle a commencé à écrire ce roman pendant son année de terminale, on est littéralement bluffés. Car elle nous offre là tout un monde, construit, cohérent, avec toutes ses composantes : politique, sociologique, économique, religieuse et une histoire qui soulève bien des questions sur la vie, la mort, les fidélités, les manipulations génétiques, la religion, bref un niveau de réflexion déjà élevé...
La construction du roman est aussi très intéressante. On suit tour à tour le parcours des deux soeurs Aileen et Noony et l'auteur jette ses filets en Thyrane, en Rouge Terre, avant de tout rassembler en Heldérion, à Abranelle précisément, où on obtient le fin mot de ce qui a été esquissé tout au long du roman. Les chapitres, qui commencent par une définition, un article d'encyclopédie, une régle de jeu ou une précision sur un personnage, sont entrecoupés d'interludes qui font avancer l'histoire de manière habile. L'écriture est fluide, maîtrisée, agréable à lire, et le texte est émaillé de poèmes, extraits d'une pièce de théâtre, paroles de chansons, tous inventés pour ce monde-là, ce qui montre que l'auteur s'est essayée à plusieurs genres avec succès.
La palette de personnages est riche, très riche, tant de personnages principaux que secondaires, les caractères bien travaillés et bien rendus, avec quelques chouchous pour ma part : Noony, Heptiel, Orius et Shala. On peut saluer aussi la création des animaux : trois-larmes, chawins, unis et autre sang-de-lune.
C'est donc au final un roman magnifique, foisonnant (sans qu'on s'y perde), dans lequel on aime à s'immerger jusqu'à oublier le monde alentour, les pages tournent et on en sort à regret, en se disant que l'auteur nous a offert là un bien joli moment de lecture, digne des grands noms de la fantasy.
Un vrai grand coup de coeur pour moi !!
Citations
*Les premières fois sont toutes inoubliables, magiques. Ce sont des expériences banales mais l'attrait de l'inconnu les rend extraordinaires... Ce sentiment de nouveauté, cette surprise et toutes ces premières fois à tenter me rendent amoureuse de la vie.
*Rien n'est plus doux que le sentiment d'être protégé de tout. Rien n'est plus doux que l'amour d'une mère.

L'île aux papillons de Corina Bomann

Editions Charleston - 21 mars 2014 - ISBN 978-2368120170 - 425 pages - Traduit de l'allemand par Odile Brandt
Résumé
Lorsque Diana se rend au chevet de sa grand-tante Emmely, en Angleterre, cette dernière la charge d'une étrange mission : découvrir le lourd secret qui pèse sur leur famille et qui concerne Grace, l'arrière-arrière grand-mère de Diana.
Diana part pour le Sri Lanka, la terre de ses ancêtres, colons à Ceylan. Elle y découvre une prophétie qui semble avoir changé le destin de sa famille et l'histoire d'un amour interdit... Durant sa quête, la jeune femme trouvera-t-elle enfin la paix pour elle et pour les siens ?
Pourquoi - comment ce livre ?
Parce que je trouve que la ligne éditoriale de Charleston me convient, que j'ai aimé la couverture et que le mot "île" me fait toujours rêver.
Mon avis
Des secrets douloureux soigneusement enfouis, des indices semés par les protagonistes, des rencontres opportunes et enrichissantes, on a là tous les ingrédients pour un roman qui a du souffle et nous tient en haleine de bout en bout.
L'écriture est fluide, les personnages sont bien construits et on s'instruit sans qu'à aucun moment on verse dans le documentaire. Car l'auteur nous tricote une intrigue bien serrée qui va permettre à Diana de découvrir, dans un fabuleux jeu de piste, un pan de l'histoire de sa famille dans la lointaine Ceylan, actuel Sri Lanka, et aussi de mettre de l'ordre dans sa vie personnelle.
C'est bon, ça se lit avec un plaisir fou et donc, je vous le recommande vivement.

Arrive un vagabond de Robert Goolrick

Editions Pocket - 7 novembre 2013 - ISBN 978-2266235259 - 345 pages - Traduction de Marie de Premonville
Résumé
Brownsburg, Virginie, 1948.
Une petite ville paisible, aux maisons bien alignées. On y vit en bon voisinage, dans la crainte de D.ieu et le respect des convenances. Le soir, sous les vérandas, on boit du thé glacé. Quand arrive un vagabond...
Au volant d'un vieux pick-up déglingué, il s'appelle Charlie Beale et s'attire vite l'affection générale. Celle d'un enfant, d'abord, puis l'amour d'une femme mariée...
La passion vient d'entrer dans Brownsburg, emportant avec elle ce qui pourvait rester de pureté et d'innocence....
Pourquoi - comment ce livre ?
J'ai déjà lu Une femme simple et honnête de cet auteur et j'avais bien aimé. Et puis la couverture rétro années 50 de celui-ci m'a attirée.
Mon avis
Magnifique roman d'atmosphère, tout en finesse.
Une analyse minutieuse de la société américaine d'après-guerre. Dans cette bourgade rurale de Virginie vivant quasi repliée sur elle-même, avec son organisation ségrégationniste, ses codes stricts mais respectés, la religion omniprésente (cinq églises pour cinq cents habitants), la population vit heureuse semble-t-il. Se pose-t-elle la question d'ailleurs ?
Jusqu'au jour où... Charlie débarque avec son pick-up. D'où il vient, on ne sait mais très vite, il est accepté par la population et surtout adulé par Sam, l'enfant du boucher qui l'emploie.
Jusqu'au jour où... elle, Sylvan, folle de la culture hollywoodienne, croise son regard.
L'auteur nous régale d'un scénario qui va crescendo vers une issue que l'on aimerait heureuse (mais serait trop banale...), dont on sent bien qu'elle virera au drame. C'est superbement mené !
Je vous recommande vivement cette lecture.
Citation
*Il l'aimait à s'en faire éclater les os. L'aimer, c'était comme se retrouver dans un lit d'orties dont seul le contact de sa peau à elle pourrait apaiser les piqûres, tandis que pour elle, il était le bain chaud qu'elle prenait pour dissiper la cascade glacée de l'indifférence de son mari.
Parcs de mémoire de Maurice Mourier

Editions Denoël - Collection Présence du futur - 1er février 1985 - ISBN - 256 pages
Résumé
Que faire quand on se découvre, vers le début du III° millénaire, complice d'une formidable entreprise d'extermination des plus faibles ? Le héros de cette histoire, un idéaliste — est-ce à dire un niais ? — en meurt.
Que faire quand, des décennies plus tard, on a connaissance, par un manuscrit, de la réalité longtemps étouffée de l'holocauste ? L'éditeur potentiel du texte, indécis, n'en fait pas un drame de conscience, mais une affaire, et cherche un « créneau ». C'est que la partie de la Terre où il vit est devenue un vrai paradis, où le sexe est sans péché, où la seule loi c'est le bonheur, où l'on se moque de la mémoire.
Et nous, est-ce que nous ne foulons pas sans remords, jour après jour, dans l'allégresse de l'oubli, une poussière faite des os, du sang, des souffrances de millions de victimes, comme on dit, « innocentes » ?
Pourquoi - comment ce livre ?
Mon chéri l'a exhumé de sa bibliothèque pour me le mettre entre les mains, suite à une discussion que nous avions eue sur la 'valeur' des humains.
Mon avis
Le roman débute par une magnifique et poétique description du monde où vit Globe, le narrateur, avec sa femme Givre et leurs deux enfants. Un monde idyllique de facilité, de sérénité, sans heurts.
C'est au travers du journal de Rudi Traum, un vieux manuscrit découvert par Chaune que l'on comprendra à quel prix ce monde a été créé.
Le rythme est lent, lénifiant, parfois même à la limite du supportable (avec l'envie de poser le livre, ce qu'on ne fait pas !) pendant que l'on suit le déroulement du projet Météore.
Et on voit comment un projet anodin au départ, imaginé par des gens de bonne foi, est dévoyé par les puissants, pour aboutir à un génocide de grande ampleur. Aucune scène violente cependant, tout est paisible, serein, consenti. Ca n'en est que plus effrayant et fait froid dans le dos...
Ecriture qui manque parfois un peu de fluidité et peu de dialogues pour donner du rythme, mais cela convient au sujet traité.
A lire !
Citations
*Les drogues douces existent partout dans le Tiers Monde, où elles jouent un rôle appréciable de machines à calmer à peu de frais les ventres creux et de coupe-révolutions.
Se souvenir des beaux lendemains de Nicolas Carteron

Editions Grannonio - 27 novembre 2013 - ISBN 979-1090789029 - 297 pages
Résumé
Nilse est beau, célèbre et adulé dans le monde entier. Il dispose des gens selon son humeur grâce à une carrière construite sur l'égoïsme et le narcissisme. En se promenant dans les rues désertes de Paris, sur un banc, il trouve un livre qui lui est dédicacé. En l'ouvrant, il ne peut soupçonner que toutes ses certitudes vont voler en éclats....parce que derrière chaque page se cache une vérité.
Après ses deux premiers romans Une éternité plus tard et Elle était si jolie, Nicolas Carteron signe là un roman dans lequel il entraîne le lecteur en Europe pour une histoire menée tambour battant où il entremêle suspense, amour et rédemption.
Pourquoi - comment ce livre ?
Une lectrice de Babelio a attiré mon attention sur ce jeune auteur prometteur, d'après elle, valant au moins autant qu'un Musso ou un Levy !! La barre est haute...
Mon avis
C'est un billet en deux temps que je ferai pour ce roman.
Au niveau de l'écriture, il y a nombre de maladresses ou de tournures superfétatoires dont on peut regretter qu'elles n'aient pas été "filtrées" par un correcteur, car à certains moments elles peuvent gêner le lecteur et desservir l'auteur, ce qui est dommage...
Au niveau du récit en lui-même, j'ai craint au début, la linéarité de ce jeu de piste, mais l'écueil a été savamment évité grâce aux allers et retours entre le roman "même les étoiles s'éteignent", et la quête de Nilse. Je me suis donc laissé embarquer dans ce road trip salvateur pour le héros si détestable au début du livre.
Au final, l'histoire racontée l'emporte sur le style et j'ai passé un bon moment de lecture.
Le châle de cachemire de Rosie Thomas

Editions Charleston - 26 avril 2013 - ISBN 978-2368120033 - 490 pages - Traduction de Marie-Axelle de La Rochefoucauld
Résumé
Pays de Galles, 1940. Jeune mariée, Nerys Watkins quitte la campagne galloise pour accompagner son mari missionnaire affecté en Inde. Alors que la guerre du Cachemire éclate, elle découvre Srinagar, la ville au bord du lac, où les Britanniques habitent de luxueux bateaux et dansent, flirtent et cancanent comme s'il n'y avait pas de guerre. Nerys est entraînée dans une dangereuse amitié et, au moment où elle retrouve son mari, l'innocente épouse galloise n'est plus la même femme. Des années plus tard, alors que Mair Ellis débarrasse la maison de son père, elle découvre un éblouissant châle ancien et une boucle de cheveux d'enfant. Se rendant au Cachemire sur les traces de ses grands-parents, Mair se lance dans une quête qui changera à jamais sa vie.
Pourquoi - comment ce livre ?
Depuis sa sortie, ce livre me fait de l'oeil grâce à sa belle couverture.
L'auteur nous présente son roman.
Mon avis
Voilà un roman comme je souhaiterais en écrire ! j'y ai trouvé tous les ingrédients qui font que le lecteur est hâpé dès les premières lignes.
Au décès de leur père, les trois enfants se retrouvent pour vider la maison. Chacun souhaite conserver quelques souvenirs de leurs parents défunts, en fonction de son mode de vie et de son caractère. Mair, célibataire, sans projet précis, prend un châle, une enveloppe avec une mèche de cheveux et une photo, qui ont appartenu à leur grand-mère Nérys.
A partir de là se tisse l'histoire de cette grand-mère, femme de missionnaire en Inde pendant la seconde guerre mondiale.
Et quand Mair décide de partir dans le Cachemire pour retrouver le fil de l'histoire de ce châle, un nouveau motif va se dessiner autour du précieux lainage.
Dans ce roman, il y a tout ce qui fait un très beau texte : l'Histoire qui croise les histoires personnelles ou collectives, les lieux grandioses décrits par petites touches tellement réalistes qu'on croirait y être, de nombreux sujets : la vie à l'arrière et l'adultère en temps de guerre, l'ascension des grands sommets himalayens, les missionnaires chrétiens en Asie, les conditions de vie dans les villages du Cachemire... Et les gens surtout ! L'auteur nous livre ici une galerie de personnages tous plus attachants avec un gros "plus" pour Rainer, Myrtle, Farida et Bruno....
C'est une véritable fresque chatoyante, épicée, tissée sur la trame du châle de Zahra. Magnifique, envoûtant, addictif !!! L'auteur a reçu pour ce roman le Grand Prix du Roman en Angleterre en 2012, ô combien mérité.
Un coup de coeur pour moi... qui le sera pour vous assurément ! 
Citations :
* Le monde n'était pas noir ou blanc en terme d'amour. ll y avait d'infinies permutations de couleurs, et cent mille degrés de sentiments, entre aimer et ne pas aimer.
*Il n'y a point de génie sans un grain de folie.
*C'était peut-être cela, vieillir : prendre conscience de plus en plus que tout ce qui vous arrive recouvre des souvenirs plus anciens, déclenche de nouvelles vagues d'associations, jusqu'à ce que chaque évènement vous semble autant la résonance du passé que la réalité présente.
*Comme il est étrange que eux personnes puissent avoir une conversation tout hau et, simultanément, en avoir une autre dans leurs coeurs.
Central Park de Guillaume Musso

XO Editions - 28 mars 2014 - ISBN 978-2845636767 - 400 pages
Résumé
Alice et Gabriel n’ont aucun souvenir de la nuit dernière…
… pourtant, ils ne sont pas près de l’oublier.
New York, huit heures du matin.
Alice, jeune flic parisienne, et Gabriel, pianiste de jazz américain, se réveillent menottés l’un à l’autre sur un banc de Central Park.
Ils ne se connaissent pas et n’ont aucun souvenir de leur rencontre. La veille au soir, Alice faisait la fête avec ses copines sur les Champs-Élysées tandis que Gabriel jouait du piano dans un club de Dublin.
Impossible ? Et pourtant...
Pourquoi - comment ce livre ?
Hospitalisée, j'avais besoin d'une lecture légère et facile. Lu en 7h30 m'a dit ma tablette... c'est vous dire que je n'ai pas pu la lâcher 
Mon avis
Encore une belle surprise, même si mon roman préféré reste Demain !
Là encore, une histoire dont on peut penser qu'elle est tordue, alors qu'elle est diablement bien ficelée, du rythme comme j'aime avec du suspense, des personnages que j'ai l'impression de connaître tant ils sont bien dans leur temps. Et puis Boston où on se ballade comme si on avait soi-même habité dans la ville, où les quartiers, l'université sont décrits avec force détails, ce qui les rend très réalistes pour le lecteur.
Encore une belle réussite qui va rendre difficile l'attente de la prochaine "livraison" ! 
PS : vu il y a quelques jours, dans une salle d'attente une dame en train de le lire ; on la sentait immergée dans l'histoire, seule dans sa bulle, à se demander si elle aurait évacué en cas d'incendie !!