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auteur française

Dans Lecture

L'atelier des poisons - Sylvie Gibert

Par Le 27/09/2016

Editions Plon - Date de sortie : 17 mars 2016 - ISBN 9782259 230599 - 352 pages 

4è de couv'

Paris, 1880. A l'académie Julian, le premier atelier à ouvrir ses portes aux femmes, la vie n'est pas facile. L'apprentissage du métier de peintre est ardu, long et coûteux. Seules les jeunes filles dotées d'un véritable talent et, surtout, d'une grande force de caractère, parviennent à en surmonter les obstacles. 
Du talent, Zélie Murineau n'en manque pas. De la force de caractère non plus. N'a-t-elle pas déjà prouvé qu'elle était prête à tout pour parvenir à ses fins ? Pourtant, lorsque Alexandre d'Arbourg, le commissaire du quartier du Palais-Royal, lui demande de faire le portrait de sa filleule, sa belle assurance est ébranlée : comment ne pas croire que cette commande dissimule d'autres motifs ? Même si elle en connaît les risques, elle n'est pas en mesure de refuser le marché que lui propose le beau commissaire : elle sera donc " ses yeux ". 
Des auberges mal famées jusqu'aux salons de la grande bourgeoisie, elle va l'aider à discerner ce que les grands maîtres de la peinture sont les seuls à voir : les vérités qui se cachent derrière les apparences.

Mon avis

Roman d'une époque, les débuts de la IIIè République, dans laquelle la place de la femme n'est pas enviable, celle de la femme peintre encore moins. Roman d'une rencontre entre un commissaire de police et Zélie, élève de l'Académie Jullian pour femmes, autour de la commande d'un portrait d'enfant. Roman d'une enquête autour de la disparition d'un bébé. 

Tout cela mené tambour battant avec de nombreux personnages, des anonymes mais pas que ; on y croise en effet Degas, Alphonse Allais, Maupassant... On y parle de l'art, de l'émergence de l'impressionnisme, de la condition de la femme, d'amitié. C'est bien écrit, historiquement exact (même si Zélie est un personnage créé par l'auteur) et très rythmé

Un vrai bon moment de lecture !

Ma note 16.5

L'auteur  

Dans Lecture

Beaux rivages - Nina Bouraoui

Par Le 17/09/2016

Editions JC Lattès - Date de sortie : 24 août 2016 - ISBN 9782709 650526 - 245 pages

4è de couv'

C’est une histoire simple, universelle. Après huit ans d’amour, Adrian quitte A. pour une autre femme : Beaux rivages est la radiographie de cette séparation.
Quels que soient notre âge, notre sexe, notre origine sociale, nous sommes tous égaux devant un grand chagrin d’amour.
Les larmes rassemblent davantage que les baisers.
J’ai écrit Beaux rivages pour tous les quittés du monde. Pour ceux qui ont perdu la foi en perdant leur bonheur. Pour ceux qui pensent qu’ils ne sauront plus vivre sans l’autre et qu’ils ne sauront plus aimer. Pour comprendre pourquoi une rupture nous laisse si désarmés. Et pour rappeler que l’amour triomphera toujours. En cela, c’est un roman de résistance.

Mon avis

Des mots très justes pour parler de la rupture amoureuse, des failles qu'elle creuse au plus profond, du doute qu'elle sème chez celui (celle en l'occurence) qui est quitté.

L'histoire de la rupture est (hélas) banale, mais l'auteur analyse finement tous les états d'esprit que traverse A. au cours de l'année qui suit, jusqu'à son retour à la vie amoureuse. On trouve toutes les étapes du deuil, deuil d'une histoire à deux, de complicité, d'habitudes, d'un couple que l'on croyait acquis. 

L'écriture est fluide, et on passe un bon moment de lecture.

Ma note 15.5

Citations

*L'amour est imprévisible. Il survient quand on ne l'espère plus, disparaît alors qu'on le jugeait acquis. (p. 15)

*Les sentiments réprimés se vengent tôt ou tard. (p. 18)

*Je ne pourrais vivre sans Adrian, sans l'idée d'Adrian, en dépit de mes efforts ; je le porterais, je le savais, comme une plaie sous mes vêtements. (p. 25)

*On sera toujours seuls, quoi qu'il arrive, c'est ainsi, c'est le destin de tous les humains, au départ comme à l'arrivée, c'est pour cette raison que l'on a inventé l'amour, tantôt comme une distraction, tantôt comme un graal à conquérir. (p. 142)

*Il a toujours préféré les femmes plus âgées, les jeunes l'indiffèrent, elles ne sont pas terminées, c'est son mot. (p. 221)

L'auteur  

Dans Lecture

A l'endroit où elles naissent - Diane Peylin

Par Le 09/09/2016

Editions Pocket - Date de sortie : 3 mai 2012 - ISBN 9782266 226059 - 404 pages

4è de couv'

Le 5 novembre 1978, Eva et Miangaly naissent à des milliers de kilomètres l'une de l'autre.
De France à Madagascar, de l'enfance à l'âge adulte, chacune avec ses chances et ses manques, elles vont faire l'apprentissage de la vie.
Deux destins parallèles que tout sépare et que, pourtant, tout rapproche : plus qu'une date de naissance, Eva et Miangaly partagent une même rage de vivre, une même soif d'espoir et d'amour.

Mon avis

Deux trajectoires parallèles bercées par les mots de Maxime Le Forestier "être né quelque part" et les grandes dates de l'histoire mondialeDeux destins qui montrent que les plus défavorisés ne sont pas forcément ceux que l'on croit. Une alternance de chapitres très rythmés pour raconter les vies de Miangaly et d'Eva. Tout le début et notamment Naissance et Adolescence sont pleines d'émotions et de belles expressions. Mais la suite n'est pas tout à fait à la même hauteur et la fin est un peu bisounours...

L'auteur a une très belle plume poétique et inventive, très imagée. Beaucoup de références musicales, des personnages très bien saisis.

En bref, un bon moment de lecture.

Ma note 15.5

Citation

*-J'aime quand il fond dans ma bouche.

Le chocolat. Et ses petits carreaux précieux. Un pour toi, un pour moi. Surtout le savourer (...) Garder caché au creux de son palais la saveur merveilleuse de ce trésor cacaoté. La tablette parée de sa robe d'argent se déshabille doucement. Voluptueusement. Les bouches salivent. Les poitrines suffoquent. Les regards vacillent. Un seul petit carré pour une seconde d'éternité. (p. 258)

L'auteur   

Dans Lecture

Deux-pièces - Eliette Abécassis

Par Le 03/09/2016

Editions Steinkis - Collection Incipit - Date de sortie : 2 juin 2016 - ISBN 9782368 460139 - 89 pages

4è de couv'

"Elle était là, presque nue, devant la piscine, à Molitor. Exposée aux yeux de tous, dans ce grand "paquebot" aux façades couleur terre de Sienne, à l'architecture des années trente..." Lors d'un défilé, la France de 1946 découvre la bombe atomique du couturier Louis Réard : le bikini. Dans le public, Gaby, une jeune fille "toute frêle, à la peau diaphane" prend des notes. Un jeune homme l'interpelle. C'est Antoine, son grand amour qu'elle n'a plus revu depuis l'Exode. Il a participé à la conception du premier maillot deux pièces... 
A travers cette fiction aux couleurs pâles, Eliette Abécassis explore les non-dits qui ont plané sur 1a Libération de la France - et de la femme.

Mon avis

La collection Incipit laisse à des auteurs le soin de raconter des "Premières fois". Pour Eliette Abécassis, le choix fut celui du défilé de maillot de bain, où apparut le bikini pour la première fois, en 1946.

La France sort juste de la guerre et l'idée du créateur était de permettre aux femmes d'assumer leur corps, d'oser le montrer, de les libérer. C'est une danseuse nue qui l'arborera puisqu'aucun mannequin n'avait voulu s'y risquer.

L'auteur a choisi deux personnages : Gaby et Antoine, autrefois follement amoureux, et qui se sont perdus de vue au moment de l'exode. Ils se revoient pour la première fois à ce défilé. Ce qui m'a gênée dans ce très court roman (j'aurais plutôt dit nouvelle), c'est la place prise par le récit fait par Antoine, de sa guerre, la clandestinité après le STO. J'ai trouvé que cela faisait un peu plaqué là, quand le sujet était tout autre. Par ailleurs, c'est trop court pour que l'on s'attache à eux dont on ne sait pas grand chose et dont la psychologie est à peine perceptible.

Ma note 14

L'auteur  

Dans Lecture

Prendre Lily - Marie Neuser

Par Le 28/08/2016

Editions Pocket  - mai 2016 - ISBN 9782266 267984 - 561 pages

4è de couv'

Une mère de famille retrouvée assassinée dans sa baignoire, les doigts comme un écrin renfermant deux mèches de cheveux. Le corps d'une étudiante coréenne abandonné la nuit dans un quartier désert. Et des jeunes femmes qui témoignent : leurs cheveux coupés net, tandis qu'elles vivent, marchent, respirent dans une petite ville balnéaire d'Angleterre qui ne connaît pas les débordements. 
Non loin de la salle de bains de Lily Hewitt vit Damiano Solivo. On lui donnerait le bon Dieu sans confession si ce n'étaient ces déviances auxquelles il s'adonne en secret. Mais son épouse peut le jurer : Damiano est innocent. Damiano est même victime. Victime, oui : de la complexité d'une machinerie sociale et judiciaire qui sait comment on façonne les monstres.

Mon avis 

Mon choix de lire ce roman s'est fait après l'avis enthousiaste d'Yvan du blog EmOtions qui le qualifie d'admirable, rien de moins et celui non moins passionné de Richard du blog Polar noir et blanc.

Nous suivons Gordon McLiam, ses deux collègues Jim et Daphne, ainsi que Bradford leur chef, dans une enquête pas-à-pas, mâtinée de coups de chance, de flair, de ténacité pour faire tomber celui dont, dès les premières pages, ils pressentent qu'il est le meurtrier. L'intrigue est tricotée finement.

C'est présenté comme une chronique de la vie des enquêteurs entre montées d'adrénaline, profond découragement, calme plat, nouvel indice, ce qui donne un rythme assez lent, mais addictif. Des personnages travaillés que l'on suit avec plaisir dans leur quête quasi spirituelle de la vérité.

Une plume super agréable à lire qui nous place au centre des pensées de Gordon et donne beaucoup d'authenticité au récit.

Bref, un roman comme je n'en avais jamais lu, qui a frisé le coup de coeur et que je vous recommande chaudement pendant que je cours acheter le deuxième volet du diptyque : Prendre Gloria.

Ma note 18

Citations

*Je ne sais pas pourquoi j'avais imaginé les Italiennes du Sud comme des tabourets de piano à chignon d'ébène Partout où je tournais la tête, j'apercevais de belles plantes vêtues à la dernière mode, des tourbillons rieurs fleuris de longues chevelures dorées et des tiges appétissantes gainées de bien peu de tissu malgré la température de janvier. (p.165)

*L'hiver anglais, c'est long et triste. Mais quand on n'est pas heureux, ça donne envie de s'endormir en demandant au réveil de sonner six mois plus tard. (p.281)

*Si on ne trouvait rien de concret, peut-être y avait-il un fil rouge tout autre, de l'ordre de l'impalpable, le fil sanguinolent qui ficelait son cerveau comme un rôti dégueulasse. (p.322)

L'auteur  
                      

Dans Lecture

Eros Automaton de Clémence Godefroy

Par Le 05/07/2016

Editions du Chat Noir - Date de sortie : 4 avril 2016 - ISBN 9782375 680018 - 282 pages

4è de couv'

Quand le Palais des Expositions de Parisore accueille le Salon Galien d’Automatie, c’est toute la capitale qui vit à l’heure des automates, quitte à chambouler quelques destins au passage. Un attentat en plein concours de modélisation met l’inspecteur Balthazar Bouquet sur la piste d’une mystérieuse organisation pro-humaine alors même que sa sœur Adélaïde devient une célébrité dans le monde de l’automatie. Quant à Agathe Lepique, couturière timide et amie de toujours des Bouquet, elle voit sa vie transformée lorsqu’elle est embauchée dans l'atelier d'Edgar Weyland, un ingénieur de génie aussi énigmatique que séduisant. Son projet: créer la femme parfaite pour jouer le premier rôle dans un opéra romantique... Des salles de bal étincelantes aux bas-fonds de la ville, Balthazar et Agathe vont découvrir à leurs dépens que l’amour, la vengeance et la haine ne sont pas réservés qu’aux êtres de chair et de sang.

Mon avis 

Voilà un court roman que j'ai bien apprécié ! Nous avons là du steampunk malin dont l'époque serait une Belle Epoque sans le dire, dans un Paris nommé Parisore, où lors du Salon de l'Automatie nous découvrons ces êtres de ferraille, boulons et articulations nommés automates, certains plus vrais que vrais, gominés au regard perçant et à l'allure très humaine.

Au cours de l'enquête pour trouver les auteurs de l'attentat, nous suivons des personnages humains très attachants, dont la jeune Agathe, couturière, sage et rangée, peu intéressée a priori par la passion de son amie Adélaïde, fougueuse créatrice d'automates. L'occasion pour l'auteur d'évoquer la condition féminine au début du XXè.

L'auteur fait preuve d'une belle inventivité au niveau du vocabulaire notamment (lieux, machines...) , et nous amène à nous interroger sur les relations qui peuvent se nouer entre la machine et son créateur. A l'heure où l'Intelligence Artificielle progresse à grands pas, il est raisonnable d'y réfléchir. Jusqu'où peut-on laisser la machine devenir aussi réelle, aussi vraie ?

Un sujet qui aurait mérité d'être développé davantage, mais qui nous offre un très bon moment de lecture et que je vous recommande.

Ma note 16.5

Citation

*-Qui sommes-nous pour créer d'autres êtres humains ?

-Le désir de savoir, Mademoiselle Lepique.

-Mais... vous êtes bien d'accord que c'est immoral ?

-Quand il s'agit de progrès scientifique, l'esprit humain ne s'arrête jamais devant ce genre de considération.

 L'auteur

Dans Lecture

La maison du cap de Françoise Bourdon

Par Le 02/07/2016

Editions Presses de la Cité - Collection Terres de France - Date de sortie : 4 mai 2016 - ISBN 9782258 117679 - 490 pages

4è de couv'

1849. Léonie, fille de modestes résiniers, grandit blessée par le désamour de sa mère, qui, un jour, lui assène : « Tu n'es pas faite pour le bonheur, tout comme ta dernière fille. ». Elle deviendra ramasseuse de sangsues. Sa benjamine, Margot, refuse cette existence de labeur et de honte : à elle la Ville d'Hiver, à elle le choix d'une autre vie. Par amour, un homme bâtira pour elle la Maison du Cap...
Se poursuit au fil des décennies et des tumultes de l'histoire une grande saga d'héroïnes : Charlotte la photographe, Dorothée l'aviatrice, Violette la résistante. De génération en génération, elles perpétuent une lignée de femmes fortes et ardentes...
La Maison du Cap demeurera un refuge pour Margot et ses héritières, et le bonheur, une quête ardue, dans une société toujours corsetée.

Mon avis 

Cette saga est composée de 5 parties représentant les 5 générations de femmes à partir de Léonie, la résinière. C'est un tour de force de la part de l'auteur de couvrir une centaine d'années en moins de 400 pages, où l'essentiel est dit, notamment sur la période historique. 

J'aurais aimé que certains personnages secondaires soient un peu plus développés car je me suis attachée à tous comme à une famille de papier. Mais le choix a été fait par l'auteur de focaliser sur les femmes fortes et passionnées, qui dès Margot ont investi La Maison du Cap, celle-ci devenant le fil rouge du roman. On y vit, on vient y soigner ses blesseurs du coeur et de l'âme, on y est viscéralement attaché, exception faite de Dorotée l'aviatrice.

On découvre au fil des pages le monde ostréicole du Bassin d'Arcachon et la ville fréquentée par les curistes, venus chercher une amélioration à leurs problèmes respiratoires et par les artistes séduits par l'atmosphère paisible du lieu. Nos fières héroïnes y feront de belles rencontres.

La plume de l'auteur est fluide, sensible et agréable à suivre, ce qui me donne envie d'explorer la conséquente bibliographie de l'auteur. Voilà donc une lecture que je vous recommande si vous aimez les histoires de famille.

Ma note 16.5

Dans Lecture

Pour l'amour d'une île d'Armelle Guilcher

Par Le 24/06/2016

Editions Pocket - Date de sortie : 21 janvier 2016 - ISBN 9782266 265690 - 395 pages 

4è de couv'

À la fin de ses études de médecine, Marine décide de retourner vivre sur la petite île bretonne où elle a grandi jusqu'à la mort de ses parents. Mais dans le froid venteux de novembre, l'installation se révèle difficile : les habitants désertent son cabinet et affichent ouvertement leur hostilité. Marine comprend que le secret de cette haine est caché dans le passé de sa famille.

Mon avis

Pour l'amour d'une île est le premier roman de cette auteur et ça se ressent à un certain nombre de maladresses : quelques lourdeurs, longueurs, mots inappropriés ("J'étais sincèrement édifiée par JC qui nous avait démontré son amour pour sa région" !!) ou envolées lyriques aux accents moralisateurs ("Etait-il illusoire de rêver d'un coin de terre que l'homme n'aurait pas pollué, l'homme, espèce gangrenée, acharnée à détruire toute forme de pureté").

L'histoire est racontée en plusieurs temps : un narrateur omniscient fait la présentation qui se situe en 1971, puis un long flash-back nous ramène dans les années 60 écrit au JE par l'héroïne, Marine Le Guellec, avant de revenir à 1971 et un épilogue en 1988. En plusieurs lieux aussi : l'île (qui n'est pas nommée) où Marine s'installe comme médecin, et une petite ville du continent dans laquelle elle a été élevée avec son frère par son grand-père. 

J'ai trouvé le traitement des personnages pas approfondi et assez manichéen : de petite fille aimante, Marine devient ado puis femme distante après une révélation sur le passé familial, Jean de détestable devient admirable après une autre révélation, comme si l'humain n'était pas beaucoup plus complexe que cela. Du coup, on ne s'y attache pas vraiment. 

On ressent bien l'amour de l'auteur pour sa région, ce qui donne d'assez belles descriptions de l'océan, des côtes, de l'île, et des expressions en breton pour faire couleur locale. L'épisode historique auquel l'auteur fait référence, à savoir l'épuration à la fin de la Seconde Guerre Mondiale dans ce coin de Bretagne m'a intéressée et donné envie d'en savoir un peu plus. Ce qui est bien rendu également c'est l'ambiance dans l'île, la vie dans une communauté réduite, les commérages, les fêtes, la vie difficile rythmée par les caprices de la mer, aussi et surtout l'isolement.

En bref, ça se lit relativement vite et sans déplaisir.

Ma note 14.5

Citation

*Je crois que quelque part nous attend un lieu, même petit, même lointain, en adéquation avec cette combinaison de molécules et de conscience dont nous sommes faits et qui justifie, si on a le bonheur d'y parvenir, que l'on constate comme une évidence "c'est ici que doit s'accomplir mon destin". (p. 76)

*Etait-ce cela aimer, ce ressenti anormal, indécent, cette impression que votre corps est éparpillé aux quatre coins de la pièce et que seule la présence de l'être cher pourra vous permettre de vous recomposer, de faire en sorte que vous deveniez un tout, une entité à nouveau capable de fonctionner comme lors de votre création, de manière coordonnée, pertinente et raisonnée ? (p. 309)

Dans Lecture

Un dernier tour de valse d'Inès de Kertanguy

Par Le 21/06/2016

Editions Tallandier - Date de sortie : 18 mars 2016 - ISBN 9791021 017863 - 411 pages 

4è de couv'

Madrid, 1833. Sophianne, 10 ans, fait la connaissance d’Eugénie de Montijo, 7 ans, future impératrice des Français. Cette rencontre scelle son destin. Devenue son amie intime, Sophianne accompagne Eugénie dans son ascension, son mariage avec Napoléon III et la naissance du prince impérial. À 16 ans, sur un air de valse, Sophianne tombe éperdument amoureuse d’Octave de Lencelle, aristocrate et bonapartiste convaincu. Le couple est de tous les bals donnés par l’empereur et l’impératrice. Inséparable de la princesse Mathilde, cousine de Napoléon III et rivale d’Eugénie, avec qui elle partage l’amour de la peinture, Sophianne passe d’une cour à l’autre : celle des Tuileries où réside le couple impérial et celle de la rue de Courcelles où règne Mathilde qui reçoit le Tout-Paris des arts et des lettres.

Mon avis 

Dans ce nouveau roman, qui est son 7è, l'auteur nous invite à suivre l'histoire de Sophianne de Lencelle, amie intime et indéfectible d'Eugénie de Montijo, Impératrice des Français et épouse de Napoléon III, de leur enfance à la mort de cette dernière. Une très belle histoire d'amitié

La narratrice, Sophianne, écrit cette histoire à l'intention de sa petite-fille Valentine qui n'a connu aucun de ses parents. La plume est vive et fluide, les personnages réels ou de fiction bien campés, l'époque bien restituée. Les intrigues, politiques et amoureuses, se suivent et font tourner les têtes.

J'ai regretté les quelques passages (heureusement peu nombreux) où l'auteur raconte l'Histoire, sortant ainsi du pacte romanesque "Show, don't tell !" et le trop peu de descriptions des fastes, toilettes et bijoux de la somptueuse Eugénie et de son entourage, le récit ayant pris le pas sur le decorum. Peut-être est-ce pour ce bémol que le roman restera pour moi, non un coup de coeur, mais seulement une très bonne lecture.

Ma note 16

Dans Lecture

Les yeux couleur de pluie de Sophie Tal Men

Par Le 08/06/2016

Editions Albin Michel - Date de sortie : 4 mai 2016 - ISBN 9782226 320995 - 259 pages

4è de couv'

Les tribulations d’une étudiante en médecine affectée à Brest du jour au lendemain. Le bout du monde à ses yeux…

Pour Marie-Lou, c’est une nouvelle vie qui commence, loin des siens, de ses montagnes… L’insouciance et la légèreté de ses vingt-cinq ans se mêleront à la dure réalité de l’hôpital, des gardes aux urgences, du contact avec la maladie. Au beau milieu de la nuit, cette savoyarde en ciré jaune croisera Matthieu, surfeur et accessoirement interne d’ORL. Ce loup solitaire, mystérieux et poétique, arrivera t-il a lui faire une place dans sa vie ? 

Rencontres, passions, non-dits, doutes... l'histoire d'un envol, l'histoire d'une vie.

Mon avis

Voilà un feel-good book pour l'été, une petite romance sans grande surprise, mais plaisante à lire, grâce à une plume fluide et un rythme donné par les dialogues. Par contre les personnages sont peu fouillés et l'intrigue un peu survolée. La narratrice navigue avec aisance dans le service de neurologie grâce à l'expérience professionnelle de l'auteur, elle-même médecin.

A lire entre deux romans plus "consistants", pour de la pure détente.

Ma note 14,5

Dans Lecture

Bellevue de Claire Berest

Par Le 29/05/2016

 

Editions Stock - Date de sortie : 27 janvier 2016 - ISBN 9782234 079755 - 194 pages

4è de couv'

Alma se réveille à quatre heures du matin. Dans un hôpital psychiatrique. Deux jours plus tôt, elle fêtait ses trente ans. Écrivain prometteur, Alma est une jeune Parisienne ambitieuse qui vit avec Paul depuis plusieurs années ; tout lui sourit. Et, d’un coup, tout bascule. Son angoisse va l’emporter dans une errance aussi violente qu’incontrôlable et la soumettre à d’imprévisibles pulsions destructrices.

Que s’est-il passé pendant ces quarante-huit heures ?

Mon avis

Dans ce roman, on suit la descente dans l'enfer de la "folie" d'Alma, la narratrice qui, le jour de ses trente ans, se trouve confrontée à toutes ses peurs. Ce qui fait monter la panique en elle et la pousse à des comportements désordonnés et extrèmes. Les digues ont rompu, les repères s'effacent, le point de bascule est atteint. L'action est resserrée sur peu de temps, quelques jours avant son anniversaire et les quelques jours d'hospitalisation en psychiatrie. 

Je n'ai pas éprouvé de sympathie particulière pour ce personnage d'Alma, malgré sa solitude désespérée, son incompréhension de la situation où elle s'est mise, le fait qu'elle soit écrivain... Sans doute pour coller au plus près des pensées incontrôlées de la jeune trentenaire, l'auteur utilise un langage très cru dans certains passages, je l'ai compris même si ça n'est pas ma tasse de thé ; je le comprends moins quand il est utilisé dans les pensées d'un  personnage masculin vers la fin : ce n'était pas nécessaire...  Il y a une réflexion intéressante sur cet âge (charnière ?), où déjà des choses ne seront plus, mais où subsistent encore beaucoup de possibles, de choix.

Comme j'avais envie de savoir la fin, je suis allée au bout de ce court roman, mais il ne m'a pas vraiment emballée. L'auteur me l'avait pourtant bien vendu à La Grande Librairie du 21 avril dernier.

 Ma note 14.5

Citation

*Est-ce que quelque chose a changé à l'approche de mes trente ans ? (...) Je me suis mise à dire spontanément quand j'étais jeune, et non plus quand j'étais petite. Je me suis mise à remarquer les filles de vingt ans avec une tendresse ambigüe, une vague envie, et j'ai senti l'éclosion mordante d'une menace. (p.42)

*Qu'est-ce qui a changé ? Je suis une femme de trente ans, j'ai peur d'avoir l'air vieille dans une boîte de nuit, j'ai peur de ne pas accéder à la reconnaissance, j'ai peur de ne pas m'être fixée des objectifs, j'ai peur de ne pas avoir fait le tour du monde, j'ai peur de ne pas avoir d'enfants, j'ai peur de mon corps, j'ai peur de la trahison, j'ai peur d'être jalouse, j'ai peur d'être indifférente, j'ai peur du regard de mes amis, j'ai peur d'être violée, j'ai peur que les hommes se disent : 'elle est une femme de trente ans'. (p.100-101)

*Ce que l'on saisit d'une personne inconnue, à l'instable seconde de la rencontre, est vulnérable et définitif. Cette image capitale s'évanouit à la première parole, au premier rire. (p. 146)

*Je serai cette Alma de trente ans, rejoignant le symposium des femmes assumant l'insolvable équation d'être jeune et vieille dans la même promesse, mais osant vraiment scruter le regard des hommes pour s'y trouver, pour apprécier d'y voir ce qui en elles a basculé. (p. 193-194)

Dans Lecture

Dans les prairies étoilées de Marie-Sabine Roger

Par Le 22/05/2016

Editions du Rouergue - Collection La Brune - Date de sortie : 4 mai 2016 - ISBN 978-2812610639​ -  302 pages

4è de couv'

Merlin, auteur d'une série BD à succès, perd son vieux copain Laurent, qui lui a inspiré son héros, Jim Oregon. Comment continuer à le faire vivre dans ses dessins, d'autant que dans son « testament », Laurent lui impose deux contraintes pour l'album à venir…. Marie-Sabine Roger s'amuse allègrement à jongler entre deux mondes, celui de la réalité et de la BD, et donne naissance comme toujours à une tribu de personnages tout en couleurs.

Mon avis 

J'ai découvert ce roman à La Grande Librairie, où l'auteur a été invitée le 5 mai dernier et l'avait bien défendu. C'est elle qui avait écrit La tête en friche, devenu un film avec Depardieu.

C'est rythmé par de très courts chapitres et des incises décrivant les bulles des BD écrites (ou rêvées) par Merlin, le personnage principal qui est aussi le narrateur. Nous avançons avec lui dans les coulisses émotionnelles de la création artistique et suivons les péripéties de la vie de Jim Oregon, avatar de son ami Laurent. Merlin a, du reste, bien du fil à retordre avec ses créatures suite à la lecture du testament de ce dernier et à la commande qu'il lui a passée

Les personnages sont hauts en couleurs, excentriques à souhait, mais défendent de vraies valeurs. La plume est vive, inventive et malicieuse. 

Sous son côté un peu foutraque, il y a cependant dans le roman de vraies réflexions sur le temps qui passe, sur le couple, sur l'amitié et on lit avec plaisir ce roman dans lequel on sent la jubilation de l'auteur.

Ma note 15

Citations

*Depuis que je la connais, je n'ai jamais cessé d'être amoureux fou d'elle, et je crois bien que ça s'aggrave, comme toute affection de très longue durée. (p.68)

*Chaque mort d'un ami est une lampe éteinte, qui rend notre chemin un peu plus hasardeux. (p. 128)

*Avant d’aller dormir, j’ai pris le temps de me remettre le Nobel de la BD. Je ne l’avais pas reçu depuis au moins six mois. C’est un exercice très utile, au niveau de l’estime de soi.

*Les femmes ont une force que nous sommes loin d'avoir, Merlin. Mais tout le mérite nous en revient : grâce à nous, elles ont des siècles d'apprentissage derrière elles. Des siècles d'esclavage, de soumission, de tartes dans la gueule. Et malgré tout, elles vivent, elles survivent, elles se battent. Elles se marrent. Et à la fin de leur vie, elles ne chialent pas sur elles-mêmes, comme je suis en train de le faire. On est vraiment des amateurs à côté d'elles. (p.148)

*Les lecteurs... mettez une apostrophe, on entend l"électeur". Ce n'est pas un simple jeu de langue, une pirouette. On est lu parce qu'on est élu. C'est le lecteur qui fait l'auteur. Et pas l'inverse.