Le jardin blanc de Stephanie BARRON

alliancecoaching17 Par Le 20/12/2013

Dans Lecture

Nil Editions - août 2013 - 399 pages - traduction d'Isabelle D. Philippe

Résumé

Et si Virginia Woolf ne s'était pas suicidée le 28 mars 1941 ?

En octobre 2008, Jo Bellamy, jeune paysagiste américaine, arrive à Sissinghurst, dans le Kent, pour étudier le célèbre jardin blanc créé par l'amie de Virginia Woolf, Vita Sackville-West. 

Un jour après l'annonce de son départ, son grand-père Jock, d'origine britannique, se suicide. Jo découvre qu'il avait lui-même travaillé dans ce jardin pendant la Seconde Guerre mondiale et décide de profiter de son voyage pour comprendre son geste. 

À Sissinghurst, Jo découvre par hasard un journal intime parmi les archives des jardiniers. L'étiquette porte le nom de son grand-père, mais, en le déchiffrant, elle doit se rendre à l'évidence : ce journal n'est pas le sien.

Soupçonnant son auteur d'être Virginia Woolf, elle file le faire expertiser chez Sotheby's. Là, on lui concède que le style et les thèmes rappellent en effet Woolf... à un détail près : les dates.

Le 28 mars 1941, Virginia a rempli ses poches de pierres avant d'aller se noyer dans l'Ouse. Or le journal commence le 29. Des détails du journal amènent Jo à jouer avec cette idée : et si Virginia Woolf ne s'était pas suicidée ?

Si on l'avait tuée ? D'Oxford à Cambridge, de demeures prestigieuses en bibliothèques légendaires, dans des jardins dont la splendeur dissimule d'obscurs secrets, Jo traque la vérité sur les derniers jours de la romancière. Mais elle n'est pas la seule, et bientôt le journal est volé... 

Lecture terminée

Pourquoi-Comment ce choix ?

Stephanie Barron est plutôt connue pour écrire sur Jane Austen (lu Jane Austen et les fantômes de Netley il y a quelques années). Là, elle "s'attaque" à Virginia Woolf, Vita Sackeville et le groupe Bloomsbury. J'ai donc signé des deux mains !! surtout quand j'ai vu le chapeau sur la couverture...

Mon avis 

Ce roman est le prétexte à l'évocation 

-d'une époque : 1941 en Angleterre

-d'un groupe d'artistes et d'intellectuels : le Bloomsbury Group dont certains composaient la société secrète "Les Apôtres de Cambridge",

-de lieux mythiques : les universités de Cambridge et d'Oxford, Sissinghurst, la propriété de Vita Sackeville-West, amie et amante ("Orlando") de Virginia Woolf,

- des fabuleux jardins anglais...

le tout à travers une sorte d'enquête menée par une jeune américaine, créatrice de jardins, dont le grand-père (récemment suicidé) avait été jardinier à Sissinghurst pendant la Seconde Guerre.

On peut tout de suite dire que ce n'est pas un roman policier, mais une romance sur fond d'enquête littéraire, avec un scénario un peu léger et des indices servis sur un plateau. Mais l'idée de départ est très bonne : trois semaines s'étant écoulées entre la date annoncée de la noyage de Virginia Woolf et celle de la découverte de son corps, la version officielle est-elle véridique ou bien, en ces temps troublés de la guerre, se serait-il passé autre chose qu'il était préférable de taire ? J'aime bien cette idée de se glisser dans les interstices de la grande Histoire pour en écrire une autre.

Les pages tournent facilement et malgré quelques bugs de traduction et quelques propos déplacés dans un ouvrage évoquant un tel écrivain, la lecture est aisée et rythmée. Un personnage (fabriqué pour servir la romance ,) m'a paru complètement inutile, c'est Gray, personnage pas assez étoffé pour en faire un réel concurrent de Peter.

L'habileté de l'auteur a été de mêler la fiction avec des faits réels, vérifiables et des extraits d'oeuvres de Vita ou de Virginia, on imagine ainsi l'atmosphère de l'époque. C'est aussi et surtout de parler de ce grand écrivain qu'était Virginia Woolf, trop souvent évoquée par le biais de son mal-être existentiel et beaucoup moins par la qualité de son écriture.

En conclusion, quelques bémols n'enlèvent rien au plaisir que j'ai eu de lire ce roman que je vous recommande.