Editions Gallimard - Collection Blanche - Date de sortie : 1er janvier 2016 - ISBN 9782070 178292 - 452 pages
4è de couv'
Pour se défendre dans un procès qu’il s’intente à lui-même, l’auteur fait défiler au galop un passé évanoui. Il va de l’âge d’or d’un classicisme qui règne sur l’Europe à l’effondrement de ce « monde d’hier » si cher à Stefan Zweig. De Colbert, Fouquet, Bossuet ou Racine à François Mitterrand, Raymond Aron, Paul Morand et Aragon. Mais les charmes d’une vie et les tourbillons de l’histoire ne suffisent pas à l’accusé : « Vous n’imaginiez tout de même pas, que j’allais me contenter de vous débiter des souvenirs d’enfance et de jeunesse ? Je ne me mets pas très haut, mais je ne suis pas tombé assez bas pour vous livrer ce qu’on appelle des Mémoires ». Les aventures d’un écrivain qui a aimé le bonheur et le plaisir en dépit de tant de malheurs cèdent peu à peu la place à un regard plus grave sur le drame qui ne cesse jamais de se jouer entre le temps et l’éternité, et qui nous emportera.
Mon avis
De l'auteur, j'avais lu trois oeuvres : La douane de mer (avec laquelle je l'ai découvert et immédiatement ajouté à ma liste de romanciers à suivre), Le rapport Gabriel (qui fait partie de mon Top 5 de tout ce que j'aie jamais lu), et Presque rien sur presque tout. J'ai toujours aimé son érudition, discrète et naturelle, parce que faisant intrinsèquement partie de lui-même. Pas un ouvrage dont je ne sois sortie plus riche de connaissances ou de références littéraires. Mine de rien, grâce à ce livre, j'ai replacé à la bonne époque un certain nombre de grands noms cités.... Mais le petit plus, c'est que j'aime infiniment l'homme au regard myosotis et malicieux. Aussi, pendant ma lecture, je l'imagine très bien sourire d'un bon mot ou d'une remarque égratignant (jamais méchamment à mon sens) tel ou tel.
Bien que quelques détracteurs, dont le détesté Yann Moix (qui est cité d'ailleurs dans ce livre !!), reprochent à Jean d'Ormesson "d'écrire toujours le même livre", j'ai beaucoup aimé ce morceau d'Histoire politique, culturelle, people aussi, du siècle dernier que nous offre là l'écrivain. Il a choisi la forme d'un procès de lui à lui pour se raconter, ce qui rompt un rythme qui eût risqué être ennuyeux sans cela et j'ai trouvé cela plutôt amusant. Par contre la partie intitulée "Il y a au-dessus de nous comme une puissance inconnue" m'a parue décalée par rapport au reste (digressions sur l'eau, la lumière, le Soleil...) et peut-être pas indispensable...
Vous l'aurez donc compris, j'ai pris beaucoup de plaisir à lire cet ouvrage, un peu comme le journal d'un jeune homme ayant traversé le XXè et nous livrant son regard perpétuellement étonné et malicieux sur la vie.
Ma note 17
Citations
*Si je suis quoi que ce soit, c'est d'abord et surtout, un tissu de contradictions. Pour reprendre une formule chère à Paul Valéry, je suis rarement de mon avis. (p. 200)
*Les hommes ne sont grands que par leurs rêves et leurs convictions. Ce qui les hisse au-dessus d'eux-mêmes, c'est la foi, la science, la beauté, le souci de la justice ou de la vérité, l'amour de la patrie ou des misérables. (p.385)
+ un très bon passage sur la différence entre le journaliste et l'écrivain (p. 339 à 342)