scandale

Dans Lecture

Marie Curie prend un amant d'Irène Frain

Par Le 23/01/2016

Editions du Seuil - Date de sortie : 8 octobre 2015 - ISBN 9782021 183061 - 349 pages

4è de couv'

Le 4 novembre 1911, un journal parisien à grand tirage livre à l'opinion cette nouvelle extravagante : "Marie Curie a un amant." A l'époque, Pierre, son mari, le savant avec lequel elle a eu son premier prix Nobel en 1903, est mort depuis cinq ans. Mais Marie a le tort d'être femme, d'être célèbre, d'être une "étrangère" (elle est d'origine polonaise), d'être "juive" à en croire certains de ses pourfendeurs (ce qui n'est pas le cas). Comme le capitaine Dreyfus vingt ans plus tôt, il faut l'abattre. Et peu importe que la célèbre veuve, qui s'apprête à recevoir son deuxième prix Nobel, soit une icône de la science mondiale. Son amant, c'est Paul Langevin, ami d'Einstein, lui aussi savant d'exception, familier des Curie aux temps héroïques. Mais Paul est marié. Et l'adultère excite la presse à scandale. Pour percer le secret qui attacha si fort Marie Curie à cet homme, au risque d'y perdre sa réputation et d'y laisser la vie, Irène Frain a interrogé des lieux méconnus, des archives négligées, des photos oubliées. Et c'est une bouleversante et inédite histoire d'amour qu'elle nous donne à lire dans ce "thriller médiatique" d'une terrible modernité.

Mon avis

J'ai été tout de suite attirée par le sujet de ce livre, car Marie Curie est une des Figures de l'Histoire que j'admire ; cependant, je craignais un peu une biographie, certes documentée, mais un peu linéaire et ennuyeuse. Eh bien j'ai été très agréablement surprise, car j'ai lu ce qu'on appelle un "roman vrai". Irène Frain dont j'ai déjà lu beaucoup de romans (Devi, Modern Style, Le Nabab, Secret de famille, ....) a une réelle habileté pour faire vivre les personnages et nous les rendre proches et attachants. 

Très respectueuse d'eux, elle utilise savamment le fruit de ses nombreuses recherches, et déduit avec finesse les éventuels blancs de l'histoire qu'elle nous propose de combler. C'est fait habilement, d'une plume agréable à lire. 

Sur le fond, j'ai été surprise par la "modernité" de ce lynchage médiatique orchestré par la presse de l'époque. Marie Curie réussissait admirablement dans son domaine, était une brillante scientifique, MAIS était une femme (dans un monde exclusivement masculin, à une époque fortement mysogine), une étrangère et l'amante d'un homme marié. A l'heure du scandale, tout ces "handicaps" ressurgissent, les admirateurs et collègues se défilent. Ne reste qu'un petit cercle restreint pour la soutenir. Vaillante et déterminée, elle reste debout et refuse de se laisser impressionner. 

Quant à l'histoire d'amour avec Paul Langevin, je n'ai pas autant "accroché" qu'à celle avec Pierre Curie. Certes Paul a souhaité protéger sa famille et surtout ses enfants, mais je n'ai pas rencontré l'amoureux plein de panache auquel je m'attendais. Je l'ai trouvé assez opportuniste, profitant de l'aura de Marie et aussi de son argent, assez faible, passant à travers les gouttes du scandale sans dommage et créant un autre couple parallèle ensuite. Moi en tout cas, il ne m'a pas séduite !! 

J'ai beaucoup aimé croiser d'aussi près les grands scientifiques qui, au début du XXè siècle, ont dessiné au fil de leurs recherches, le monde dans lequel nous vivons : les Curie et Langevin bien sûr, mais aussi Jean Perrin, l'ami admirable à qui nous devons le Palais de la Découverte et le CNRS, Paul Painlevé, Einstein... Leur passion pour la recherche, le bouillonnement intellectuel qui les animaient sont très bien rendus. Je ne sais pas si, de nos jours, la course à l'argent ne pervertit pas un peu cet enthousiasme... 

Ce fut donc une vraie lecture-plaisir au cours de laquelle j'ai beaucoup appris sur cet aréopage de scientifiques mais aussi sur la période. Que demander de mieux ?

Ma note 17 

Dans Lecture

Fourrure d'Adélaïde de Clermont-Tonnerre

Par Le 11/07/2015

Edition Le Livre de Poche - Date de sortie : 1er juin 2011 - ISBN 978-2253157472 - 528 pages 

Logo prix litteraire2010 : Prix des Maisons de la Presse -  Françoise Sagan -  Bel Ami Roman -  Révélation Lauriers verts de La Forêts des Livres 

Résumé

C’est en passant devant un kiosque à journaux du boulevard Pierre-Seymard, à Nice, qu’Ondine apprend le suicide de sa mère, la grande écrivaine Zita Chalitzine. On l’a retrouvée dans une voiture enveloppée dans un magnifique manteau de fourrure blanc. Zita, qui avait passé sa vie à faire scandale, ne se départ pas de sa réputation. Et juste avant de disparaître, elle faisait encore parler d’elle : elle n’aurait été qu’un prête-nom aux livres qui ont fait son succès. Ondine ne veut rien savoir de sa génitrice qui n’a été qu’une pâle imitation de ce que devrait être une mère et qui n’a jamais voulu lui dire qui était son père.
Et pourtant, en rangeant les affaires de Zita, après l’enterrement, Ondine découvre le dernier livre de sa mère, non publié, son autobiographie.
Le lecteur entre alors de plein fouet dans la vie extraordinaire de Zita, petite fille pauvre, élevée dans la loge de son énorme mère, Madame Lourdes.

Pourquoi - Comment ce livre ?

A sa sortie en 2010, j'avais lu un billet enthousiaste sur le blog de Patrick Chabannes - Quid Hodie Agisti 

Mon avis à venir

Bardé de prix littéraires l'année de sa sortie, ce livre m'a procuré un vrai beau moment de lecture. 

On se délecte de cette histoire, écrite avec aisance et plaisir je trouve, qui nous propose un manuscrit autobiographique dans le manuscrit. Découvert par sa fille à la mort de l'écrivain Zita Chalitzine, c'est un récit dans le récit. On découvre alternativement l'histoire d'Ondine et celle de sa mère. Les relations mère-fille ne sont pas simples dans cette lignée !! Et les hommes n'ont pas toujours le beau rôle... Le personnage de Romain Kiev, lui, est librement inspiré de Romain Gary, ce qu'assume parfaitement l'auteur qui a, par ailleurs, participé à un ouvrage collectif sur l'auteur de La promesse de l'aube. On y croise nombre de personnes en vue dans les années 70-80 : Françoise Sagan, le président Giscard pas clairement cité mais tellement bien évoqué, Jean-Edern Hallier, Mme Claude, Dany Cohn Bendit...

Trois passages m'ont plu tout particulièrement. Chapitre 29 sur la passion, chapitre 35 sur la mort et la fin du chapitre 44 sur l'allergie d'Ondine. J'ai beaucoup aimé le personnage de Zita, si seule, si maladroite avec ceux qu'elle aime au nom d'une indépendance qu'elle a cher payée, si peu apte à trouver sa place dans la vie.

C'est écrit sans langue de bois, c'est vif (malgré un petit coup de mou au milieu du roman) et je me demande bien pourquoi j'ai laissé si longtemps dans ma PAL ce livre que je vous recommande.

Ma note : 16.5

Citations

*La vraie liberté c'est de n'avoir rien à perdre : ni objet, ni réputation, ni affection.

*Le seul moyen de connaître l'amour inconditionnel sur cette terre, ce n'est pas de l'attendre, c'est de le donner.

*On n'est jamais serein dans la vie. Etre serein, c'est être mort. A partir du moment où tu auras plus à perdre qu'à gagner, tu seras foutue.

*Dire qu'il y avait des gens, comme sa mère, qui achetaient des livres sans y être obligé ! Ecoeurant. Mais le pire était à venir. Rester des heures sans bouger pour lire, une torture. On n'était jamais bien. Assise avec le livre sur les genoux, elle avait mal au cou et ne sentait bientôt plus ses fesses. Allongée sur le dos, il fallait tenir le roman au-dessus de sa tête, ce qui lui donnait des crampes dans les bras. Sur le côté, c'était le coude, l'épaule et de nouveau le cou qui prenaient. Sur le ventre, même avec un oreiller, elle avait mal aux dents et au menton ; en plus, elle s'endormait. Ondine en pleurait de rage.

Dans Lecture

La pure vérité de Jodi Picoult

Par Le 29/03/2015

Couverture La pure vérité

Editions J'ai lu - date de sortie : 23 février 2009 - ISBN 978-2290013519 - 507 pages - Traduction de Vassoula Galangau

Résumé 

Dans une étable, au sein de la communauté amish qui vit paisiblement depuis des siècles dans l'austérité et la rigueur, on retrouve un nouveau-né. Décédé. Chez ces fermiers de Pennsylvanie vivant sans électricité ni aucun véhicule à moteur, le taux de criminalité est proche de zéro. Aussi, cette découverte crée un scandale immédiat. D'autant que, très vite, la police inculpe une jeune fille de dix-huit ans...
Face à une inspectrice et un procureur impitoyables, dans cette communauté repliée sur elle-même qui refuse toute justice autre que divine, une avocate voudra relever le défi de révéler la vérité.

Pourquoi - comment ce livre ?

Parce que j'aime la plume de l'auteur et que le sujet des Amish m'intéresse.

Les premières pages en 3 minutes   

Mon avis 

C'est un dépaysement complet que de se plonger dans le roman de Jodi Picoult ! On vit chez les Amish, on n'est pas simples spectateurs, avides d'images à sensation.

Parce qu'il lui faut "apprivoiser" sa cliente assignée à domicile, l'avocate Ellie Hattaway s'installe chez les Fisher et va découvrir, voire apprécier leur vie Simple, authentique, en communion intime avec leur Dieu, leur sens aigü de l'Autre et de la communauté. Il lui faut préparer sa plaidoirie avec les bribes d'éléments qui reviennent peu à peu en mémoire à Katie. Ellie se fait aider par de nombreux alliés, afin d'éviter à la jeune fille une condamnation qui risque d'être longue et éprouvante. Dans le même temps, elle fait le point sur sa propre vie.

C'est un roman que j'ai beaucoup apprécié. Je me suis attachée aux personnages qui sont bien construits. L'écriture est fluide et, alors que je craignais un remake du film Whitness, j'ai trouvé une tout autre dimension bien intéressante, autour de l'infanticide, de la loyauté, de l'attachement à ses racines, des valeurs de la famille.

Une lecture que je vous recommande !

Ma note : 16.5

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