Lebensborn

Dans Lecture

Un goût d'espoir et de cannelle de Sarah McCoy

Par Le 05/05/2015

Editions Pocket - Date de sortie : 2 avril 2015 - ISBN 978-2266250061 - 511 pages - Traduction d'Anath Riveline

Résumé

Allemagne 1944. Naïve et innocente, Elsie traverse la guerre à l’abri de la petite boulangerie de ses parents et sous la protection d’un officier nazi, loin d’être indifférent à son charme. Lors de la soirée de Noël du parti, elle échappe de peu à un viol grâce à un petit garçon juif. Seul et sans défense, il demande à la jeune fille de le cacher. Prendra-t-elle le risque ?

États-Unis, de nos jours. À quatre-vingts ans, Elsie s’active toujours derrière les fourneaux de sa boulangerie. Elle rencontre Reba, une journaliste venue l’interroger sur les fêtes de Noël du passé…

Pourquoi - comment ce livre ?

Pour la petite "bouille" de l'enfant sur la couverture Sourire et le résumé, bien sûr !

Mon avis

D'emblée, je veux dire combien j'ai eu vite dévoré ce roman qui raconte et ne juge pas.

On y découvre à Garmish, le quotidien d'une famille de boulangers allemands, respectueux de l'idéologie nazie. Une des filles vit dans un Lebensborn et met au monde les enfants du Reich. La cadette, Elsie, travaille avec ses parents. Courtisée par un officier nazi, elle va néanmoins, au péril de sa vie, cacher un enfant juif, Tobias, auquel elle s'attache chaque jour un peu plus. Elle ne peut évidemment parler à personne de ce  secret bien lourd pour ses épaules de 17 ans. On la retrouvera en parallèle, en 2007 , à El Paso, au Texas, à la frontière avec le Mexique. Veuve, toujours vaillante malgré son grand âge, elle continue à faire tourner, avec sa fille Jane, la boulangerie qu'elle y a créée. 

J'ai eu un peu de mal au début à comprendre pourquoi l'auteur avait ajouté le fil narratif sur le personnage de Reba, journaliste au Sun City, et son histoire d'amour difficile avec Riki le garde-frontière. Pour illustrer, j'imagine, le côté altruiste d'Elsie qui trouve le temps d'apporter conseils et réconfort autour d'elle, notamment à Reba.

Les thèmes traités dans ce roman sont difficiles, mais j'ai aimé que l'auteur n'ait pas de préjugés et raconte l'histoire avec sensibilité, sans caricaturer. Oui, montre-t-elle, les allemands aussi ont souffert pendant les six ans qu'a duré la guerre et non, ils n'étaient pas tous des salauds. Quant à la question de l'immigration mexicaine aux USA, elle est vue par le filtre de Riki qui peine à refouler les migrants chez eux, d'autant plus quand ce sont des femmes et des enfants.

J'ai bien aimé enfin la symbolique du pain, les personnages bien campés, attachants, l'écriture dense et certains passages tellement émouvants. C'est un roman dont je recommande chaudement la lecture.  

Ma note : 17

Citations 

*Tu ne peux pas obliger quelqu'un à croire ta vérité, pas plus que tu ne peux forcer le pardon. Nous ne sommes responsables que de nous-mêmes.

*Elle avait appris que le passé était une mosaïque floue faite de bon et de mauvais. Il fallait admettre sa part dans les deux et s'en souvenir.

Ce livre participe pour 100 kms au Challenge 1000 Bornes Livresque

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Dans Lecture

Max de Sarah Cohen-Scali

Par Le 16/11/2014

Couverture Max

Editions Gallimard Jeunesse - Collection : Scripto - Date de sortie : 31 mai 2012 - ISBN 978-2070643899 - 473 pages

Prix Prix Sorcières 2013

Résumé

 "19 avril 1936. Bientôt minuit. Je vais naître dans une minute exactement. Je vais voir le jour le 20 avril. Date anniversaire de notre Fürher. Je serai ainsi béni des dieux germaniques et l'on verra en moi le premier-né de la race suprême. La race aryenne. Celle qui désormais régnera en maître sur le monde. Je suis l'enfant du futur. Conçu sans amour. Sans Dieu. Sans loi. Sans rien d'autre que la force et la rage. Je mordrai au lieu de téter. Je hurlerai au lieu de gazouiller. Je haïrai au lieu d'aimer. Heil Hitler !"Max est le prototype parfait du programme "Lebensborn" initié par Himmler. Des femmes sélectionnées par les nazis mettent au monde de purs représentants de la race aryenne, jeunesse idéale destinée à régénérer l'Allemagne puis l'Europe occupée par le Reich.

Pourquoi - comment ce livre ?

Emprunté à la bibliothèque jeunesse. J'avais déjà lu "les cendres froides" de Valentin Musso sur les Lebensborn.

Les premières pages en 3 minutes   

Mon avis 

Tout d'abord, un avertissement. Ce livre est classé littérature jeunesse, mais je pense qu'il faut éviter de le proposer avant 15-16 ans, parce qu'il est très explicite sur la période et pourrait déstabiliser de plus jeunes lecteurs.

Quelle bonne idée de faire parler Max lui-même ! Ca donne une fraîcheur et une (fausse) naïveté, y compris quand il raconte des horreurs. J'ai adoré sa période foetus et bébé embrigadé, sous le charme du Führer, né dans le Lebensborn (fontaine de vie) de Steinhöring, c'est à dire le premier quart du roman. On y apprend la manière dont les Frauen étaient choisies, quelle vie elles menaient, comment les bébés étaient triés : "harmonish", ils vivaient, "lapins", ils étaient "désinfectés". L'enfant est fier d'intégrer peu à peu les codes de ces lieux. Pour une fois, c'est écrit du point de vue des bourreaux, pas des victimes.

Après ça se corse ! Mais là encore, le talent de l'auteur a été de raconter avec dureté mais sans fard, la réalité du tri, des enlèvements, des camps, la manière dont les nazis se sont servis du Klein Kaiser. On imagine aussi la détresse de ces enfants sans identité, à la fin de la guerre. 

Il y a de beaux personnages sur le chemin de Max-Konrad, dont le plus poignant à mon sens est Lukas, qui vit la période de manière complètement opposée à Max, car il est juif et polonais. Le personnage de Max au final n'est pas détestable, car on lui accorde d'être le pur produit d'une idéologie haïssable. Le style s'accorde très bien au propos.

Beau roman, très fort, que je vous recommande.

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