blessures familiales

Dans Lecture

Pour l'amour d'une île d'Armelle Guilcher

Par Le 24/06/2016

Editions Pocket - Date de sortie : 21 janvier 2016 - ISBN 9782266 265690 - 395 pages 

4è de couv'

À la fin de ses études de médecine, Marine décide de retourner vivre sur la petite île bretonne où elle a grandi jusqu'à la mort de ses parents. Mais dans le froid venteux de novembre, l'installation se révèle difficile : les habitants désertent son cabinet et affichent ouvertement leur hostilité. Marine comprend que le secret de cette haine est caché dans le passé de sa famille.

Mon avis

Pour l'amour d'une île est le premier roman de cette auteur et ça se ressent à un certain nombre de maladresses : quelques lourdeurs, longueurs, mots inappropriés ("J'étais sincèrement édifiée par JC qui nous avait démontré son amour pour sa région" !!) ou envolées lyriques aux accents moralisateurs ("Etait-il illusoire de rêver d'un coin de terre que l'homme n'aurait pas pollué, l'homme, espèce gangrenée, acharnée à détruire toute forme de pureté").

L'histoire est racontée en plusieurs temps : un narrateur omniscient fait la présentation qui se situe en 1971, puis un long flash-back nous ramène dans les années 60 écrit au JE par l'héroïne, Marine Le Guellec, avant de revenir à 1971 et un épilogue en 1988. En plusieurs lieux aussi : l'île (qui n'est pas nommée) où Marine s'installe comme médecin, et une petite ville du continent dans laquelle elle a été élevée avec son frère par son grand-père. 

J'ai trouvé le traitement des personnages pas approfondi et assez manichéen : de petite fille aimante, Marine devient ado puis femme distante après une révélation sur le passé familial, Jean de détestable devient admirable après une autre révélation, comme si l'humain n'était pas beaucoup plus complexe que cela. Du coup, on ne s'y attache pas vraiment. 

On ressent bien l'amour de l'auteur pour sa région, ce qui donne d'assez belles descriptions de l'océan, des côtes, de l'île, et des expressions en breton pour faire couleur locale. L'épisode historique auquel l'auteur fait référence, à savoir l'épuration à la fin de la Seconde Guerre Mondiale dans ce coin de Bretagne m'a intéressée et donné envie d'en savoir un peu plus. Ce qui est bien rendu également c'est l'ambiance dans l'île, la vie dans une communauté réduite, les commérages, les fêtes, la vie difficile rythmée par les caprices de la mer, aussi et surtout l'isolement.

En bref, ça se lit relativement vite et sans déplaisir.

Ma note 14.5

Citation

*Je crois que quelque part nous attend un lieu, même petit, même lointain, en adéquation avec cette combinaison de molécules et de conscience dont nous sommes faits et qui justifie, si on a le bonheur d'y parvenir, que l'on constate comme une évidence "c'est ici que doit s'accomplir mon destin". (p. 76)

*Etait-ce cela aimer, ce ressenti anormal, indécent, cette impression que votre corps est éparpillé aux quatre coins de la pièce et que seule la présence de l'être cher pourra vous permettre de vous recomposer, de faire en sorte que vous deveniez un tout, une entité à nouveau capable de fonctionner comme lors de votre création, de manière coordonnée, pertinente et raisonnée ? (p. 309)

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