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Dans Lecture

Deux-pièces - Eliette Abécassis

Par Le 03/09/2016

Editions Steinkis - Collection Incipit - Date de sortie : 2 juin 2016 - ISBN 9782368 460139 - 89 pages

4è de couv'

"Elle était là, presque nue, devant la piscine, à Molitor. Exposée aux yeux de tous, dans ce grand "paquebot" aux façades couleur terre de Sienne, à l'architecture des années trente..." Lors d'un défilé, la France de 1946 découvre la bombe atomique du couturier Louis Réard : le bikini. Dans le public, Gaby, une jeune fille "toute frêle, à la peau diaphane" prend des notes. Un jeune homme l'interpelle. C'est Antoine, son grand amour qu'elle n'a plus revu depuis l'Exode. Il a participé à la conception du premier maillot deux pièces... 
A travers cette fiction aux couleurs pâles, Eliette Abécassis explore les non-dits qui ont plané sur 1a Libération de la France - et de la femme.

Mon avis

La collection Incipit laisse à des auteurs le soin de raconter des "Premières fois". Pour Eliette Abécassis, le choix fut celui du défilé de maillot de bain, où apparut le bikini pour la première fois, en 1946.

La France sort juste de la guerre et l'idée du créateur était de permettre aux femmes d'assumer leur corps, d'oser le montrer, de les libérer. C'est une danseuse nue qui l'arborera puisqu'aucun mannequin n'avait voulu s'y risquer.

L'auteur a choisi deux personnages : Gaby et Antoine, autrefois follement amoureux, et qui se sont perdus de vue au moment de l'exode. Ils se revoient pour la première fois à ce défilé. Ce qui m'a gênée dans ce très court roman (j'aurais plutôt dit nouvelle), c'est la place prise par le récit fait par Antoine, de sa guerre, la clandestinité après le STO. J'ai trouvé que cela faisait un peu plaqué là, quand le sujet était tout autre. Par ailleurs, c'est trop court pour que l'on s'attache à eux dont on ne sait pas grand chose et dont la psychologie est à peine perceptible.

Ma note 14

L'auteur  

Dans Lecture

Le manteau de Greta Garbo de Nelly Kaprielian

Par Le 03/10/2014

Couverture Le manteau de Greta Garbo

Editions Bernard Grasset - Date de sortie : 27 août 2014 - ISBN  978-2246852339 - 281 pages

Résumé

En décembre 2012, la garde-robe de l’icône la plus secrète de l’histoire du cinéma a été exposée durant trois jours, puis vendue aux enchères à Los Angeles. Huit cents pièces. Les vêtements d’une femme peuvent-ils raconter une vie, éclairer ses mystères ? Pourquoi Greta Garbo achetait-elle des centaines de robes alors qu’elle n’en portait aucune, ne se sentant bien que dans des tenues masculines ? S’habille-t-on pour se travestir et se mettre en scène dans un rôle rêvé ? Pour donner une image de soi acceptable ou démentir une place assignée ? Pour séduire ou pour déplaire ? Se fondre dans une société ou s’y opposer ? Quels désirs secrets et enfouis, quelles pulsions obscures et inavouables, fondent-ils notre goût, notre style ?

Et moi-même, pourquoi avais-je acheté, lors de cette vente, le manteau rouge de Greta Garbo, alors qu’il n’était pas mon genre ?
Ce qui devait être un essai s’est peu à peu mué en roman : les vêtements racontent ces fictions que sont nos identités, et donnent à lire les narrations, souvent mystérieuses, que sont nos vies.

Pourquoi - comment ce livre ?

Pour le résumé essentiellement et aussi parce que je lis les critiques littéraires de l'auteur dans les Inrock.

Les premières pages en 3 minutes   

Mon avis

Dire que la lecture de ce texte a été laborieuse est un doux euphémisme.

De mon point de vue, il ne s'agit pas du tout d'un roman. C'est un assemblage hybride, fragmenté, de bouts de biographie de Greta Garbo, et d'autres (Daphné du Maurier, Valentina, Truman Capote ...) de décryptages filmiques, d'évocation de "people", ayant peu ou prou à voir avec le vêtement et/ou le corps.  On y ajoute un zeste de "je" pour se rappeler que d'un essai prévu au départ, on a fait un "roman", sorti à point nommé pour la rentrée littéraire. L'auteur le dit elle-même à la page 142 ! Mais même les passages autobio sont lassants (à part le passage sur la chemise du grand père) parce que quasi obsessionnel sur le masque et la tromperie.

C'est truffé de citations, d'extraits de textes de toutes sortes, parfois d'une longue page, mais hélas, le trop de citations tue l'intérêt de la citation bien choisie !

C'est dommage que l'auteur n'ait pas su choisir le genre de son écrit. Eût-elle écrit une fiction  avec la documentation impressionnante qu'elle avait, ou pris le parti d'une biographie de Greta avec des incises réflexives, ou une autobiographie nourrie de références choisies, ou pondu un essai sur le mariage subtile corps/vêtement, tout eût été préférable à ce pseudo-roman qui trompe le lecteur sur la marchandise et  masque les qualités de documentation que l'on peut lui accorder.

Oui vraiment dommage que ce manteau ait été cousu comme un reportage "savant" avec l'étiquette "roman". Mais je comprends que quelques critiques lui aient été si favorables, puisque l'auteur est quelqu'un du sérail (responsable littéraire des Inrock, intervenante à France Inter...). Pour moi, je suis allée au bout mais sans plaisir de lecture. 

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