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univers féminin

Ce que je peux te dire d'elles d'Annie Icart

Par Le 22/04/2013

 Editions Robert Laffont 2013 -  318 pages

Résumé 

Un matin, très tôt. Le téléphone sonne. Blanche n'aime pas ça : les coups de fil au petit matin n'annoncent jamais rien de bon. Cette fois, pourtant, c'est une bonne nouvelle : Violette a accouché dans la nuit d'un petit garçon. Blanche est bouleversée : elle ne savait même pas que sa fille était enceinte. Et puis un garçon, le premier au bout de cette lignée de filles, quelle histoire... Dans le train qui la mène de Toulouse vers Paris, le trac au cœur, Blanche relit les carnets de moleskine destinés à Violette où, remontant le temps, elle a essayé de se souvenir de tout, tout ce qu'elle peut lui dire d'elles. Mais Violette l'attend-elle encore au bout de ce chemin à la fois heureux et cabossé ? 
Portés par une écriture ultrasensible, où sous l'apparente douceur du cocon familial gronde la violence des sentiments, on est entraînés dans l'histoire de Blanche, celle de quatre générations de femmes, des années 1950 à nos jours. De la minuscule bicoque d'un petit village des Pyrénées aux ateliers de la maison Balaguère, haute couture, à Toulouse, Blanche recrée ce petit monde que les accidents de la vie, et certains choix, ont rendu presque exclusivement féminin. 
Chaleureux et coloré comme une promenade dans la Ville rose (ou comme une collection de Justine...), le roman de cette tribu de femmes émancipées avant l'heure explore avec autant de tendresse que d'acuité toute la complexité des liens maternels.

Citation 

" Tous ces petits riens qui rassurent quand l'essentiel vacille, tous ces rituels qui font leur vie depuis si longtemps et qui vont être sacrément bousculés. Son absence et son silence seront pesants, c'est certain."

Mon avis

J'ai découvert ce roman dans une émission de Web-TV Culture où l'auteur présentait son livre à Philippe
C'est écrit dans un style dynamique, nerveux. Souvent des phrases nominales. Insertion des pensées actuelles de la narratrice dans le récit de la vie de toutes les femmes de sa famille. On ne s'ennuie pas car les dialogues viennent rompre les longs paragraphes de narration.
L'histoire se passe en grande partie à Toulouse, mais il y a aussi la petite maison des Pyrénées. Elle s'étend sur une cinquantaine d'années au fil desquelles Blanche, la narratrice nous présente cette tribu sans hommes, situation subie ou choisie selon les personnages, quatre générations qui cohabitent avec bonheur mais désagréments parfois. Elles sont bien attachantes ces Mémé Anna, Angèle, Justine, Babé et Blanche, opiniâtres, fonceuses. Les personnages secondaires comme Marie-Rose et Valentine sont intéressantes aussi et servent le récit. J'ai eu un peu de mal avec Violette, je dois dire. 
Le roman insiste sur les dégâts causés par les silences et les non-dits, fussent-ils pour ne pas blesser, pour conserver l'équilibre du clan. Ils laissent néanmoins des blessures indélébiles que chacune va lécher à sa manière pour guérir. Comme dans un théâtre, il y a l'avant-scène, apparemment lisse et joyeuse, avec son petit grain de folie, et les coulisses où traînent les abandons successifs et les blessures profondes de l'identité.
J'ai oscillé tout au long du récit entre l'envie d'entrer dans ce cercle aimant, animé, de l'appartement rue d'Aubuisson et de l'atelier de couture de Justine, et celle d'obliger les filles à se dire les choses, à être authentiques.
Il y a aussi tout une époque dépeinte avec l'émancipation de la femme, les libertés qu'elle acquiert et le regard que porte la jeune génération sur ces années.
J'ai beaucoup aimé ce roman, cet univers féminin et j'ai vraiment passé un très bon moment. Je vous recommande vivement cette lecture.

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