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Dans Lecture

Celle que vous croyez de Camille Laurens

Par Le 27/01/2016

Editions Gallimard - Collection Blanche - Date de sortie : 1er janvier 2016 - ISBN 9782070 143870 - 186 pages

4è de couv'

Vous vous appelez Claire, vous avez quarante-huit ans, vous êtes professeur, divorcée. Pour surveiller Jo, votre amant volage, vous créez un faux profil Facebook : vous devenez une jeune femme brune de vingt-quatre ans, célibataire, et cette photo où vous êtes si belle n'est pas la vôtre, hélas. C'est pourtant de ce double fictif que Christophe - pseudo Kiss Chris - va tomber amoureux. 
En un vertigineux jeu de miroirs entre réel et virtuel, Camille Laurens raconte les dangereuses liaisons d'une femme qui ne veut pas renoncer au désir.

Mon avis

Les premières pages peuvent dérouter, mais si l'on poursuit la lecture on plonge dans cette histoire vertigineuse, dans les tiroirs qui la composent de manière magistrale. Histoire dans l'histoire, réflexion sur l'écriture, sur la femme qui vieillit, sur l'image que la société (les hommes surtout !) en ont. La construction du roman est tout simplement bluffante. Qu'est-ce qui est vrai, réel, virtuel ? Quelle est la réelle histoire ? racontée par qui ?..

A certains moments, j'ai été dérangée, bousculée, par les considérations (parfois cruelles) sur la condition de la femme notamment, sur le désir, l'amour. Ca amène à la réflexion, c'est sûr !! Peu de personnages, dont on suit le chemin sans vraiment s'y attacher. Mais ça n'a guère d'importance, la force du propos est ailleurs,  le vertige nous entraîne. 

Au final, une très bonne lecture que je vous recommande chaudement.

Ma note 17.5

L'auteur a présenté son roman à l'émission de Ruquier le 23 janvier 2016.

Citations

*Je préfère l'angoisse à l'oubli, quand on est malheureux il vaut mieux le savoir, vous n'êtes pas d'accord ? (p. 20)

*"Tu vas vieillir et bientôt plus personne ne voudra de toi, disait-il. Tu as encore... quoi ? Deux ans ? Trois ans de bons devant toi ? Parce que les mecs n'en ont rien à foutre des femmes mûres. Et tu peux bien faire des thèses et des articles et de la gym, rester brillante et svelte, ça ne sert à rien si tu n'es plus côtée à l'argus. Tandis que moi, même quand tu seras moche, ridée, flasque, je serai là, et tu pourras me bénir de ne pas t'avoir lâchée." (p. 42)

*On a servi, on ne sert plus. Hier fantasme, aujourd'hui fantôme. (p. 47)

*L'écriture personnelle, ce mouvement qui va de l'intérieur vers l'extérieur pour exprimer ce qui s'est imprimé en soi -écrire pour dire son expérience, ses rêves, écrire pour dire son désir, l'attraper dans le filet des mots comme un poisson gigotant. (p. 76)

*Le désir veut conquérir et l'amour veut retenir (...) Le désir c'est avoir quelque chose à gagner, et l'amour quelque chose à perdre. (p. 170)