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relations Amérique-Irlande

Dans Lecture

Transatlantic de Colum McCann

Par Le 06/05/2014

Couverture Transatlantic

Editions Belfond - 22 août 2013 - ISBN 978-2714450074 - 375 pages - Traduction de JLuc Piningre

Résumé

Etats-Unis et Irlande, de 1845 à 2011 
1919. Aviateurs vétérans de la Grande Guerre, Jack Alcock et Teddy Brown s’apprêtent à un nouveau défi : de Terre-Neuve jusqu’en Irlande, effectuer le premier vol transatlantique sans escale de l’Histoire. 
Leurs voisines de chambre, Emily Ehrlich, pétulante journaliste, et sa fille Lottie, leur confient une lettre à l’attention de leur famille installée à Cork. 
1845. Esclave affranchi, Frederick Douglass répond à l’invitation de son éditeur pour présenter ses Mémoires et traverse l’Atlantique pour arriver dans une Irlande frappée par la Grande Famine. 
Lily Duggan, une jeune bonne sera marquée à vie par sa rencontre avec cet homme extraordinaire. 
1998. New York-Londres-Belfast-Dublin-Washington-New York : observateur du processus de paix en Irlande du Nord, le Sénateur Mitchell passe sa vie dans les airs. Pour égayer son existence monotone, il se raccroche à certains petits moments de grâce. Comme sa rencontre avec cette femme malicieuse de 96 ans, Lottie. 
1863. Inspirée par Douglass, Lily Duggan est partie et a refait sa vie dans le Missouri. Mais un drame va venir frapper son foyer. De ses six enfants, seule une fille survivra, Emily. 
1929. Dix ans après le vol d’Alcock et Brown, Emily et Lottie, refont la traversée sur les traces des deux héros aviateurs. Brown leur remet la lettre qu’il avait soigneusement conservée. 
2011. Dans une Irlande en pleine crise, Hannah, quadra solitaire, croule sous les dettes. Et si la lettre de sa grand-mère, rédigée un siècle plus tôt, pouvait lui sauver la vie ?

Pourquoi - comment ce livre ?

Après avoir regardé La Grande Librairie, consacrée aux écrivains de Dublin - Parce que je n'avais encore rien lu de cet auteur que j'ai trouvé infiniment sympathique lors de l'émission - Parce que l'Irlande est chère à mon coeur....

Mon avis 

Un  bon roman à la construction astucieuse. Les trois premiers récits posent des histoires qui a priori n'ont rien à voir entre elles, sauf que notre auteur peu à peu tire les ficelles et fait les liens dans une deuxième partie, pour un final un peu trop délayé et amer à mon goût ; mais je dis chapeau bas pour une telle maîtrise du récit. De  beaux personnages de femmes, comme Lily Duggan par exemple. Un témoignage fort sur les liens indéfectibles entre Etats-Unis et Irlande.

Je tenterai la lecture de son précédent roman "et que le vaste monde poursuive sa course folle" pour décider si je continuerai à suivre l'auteur.

Bonus

 *Un entretien exclusif de l'auteur avec Amazon, sur son écriture de Transatlantic

Espace

J'écris dans le placard. Littéralement. J'ai réorganisé mon bureau afin d'intégrer une table en U que j'ai poussée vers l'arrière de la pièce, dans un placard. Je me suis rendu compte que j'aimais m'asseoir sur la table, les jambes tendues, dans...d'accord, je l'admets...le placard. L'ordinateur portable sur mes genoux. Entouré de nombreuses photos et d'une collection de bibelots sur les étagères. Un portrait de James Joyce. Un cliché avec Peter Carey et Nathan Englander. D'anciens portraits de famille. Quand des amis viennent me rendre visite dans mon bureau ils écrivent sur mon mur. Des graffitis spirituels. J'aime cet espace justement parce qu'il est confiné. Ma vue, mon écriture restent concentrées. Pas de fenêtre. Lorsque je révise un texte ou travaille sur un projet journalistique, je sors de mon placard et travaille à mon bureau comme une personne normale.


Outils
J'aimerais vous dire que j'écris au stylo ou au crayon sur du papier ancien, avec des encriers et du papier buvard et tout cet attirail épistolaire, mais j'écris directement sur un ordinateur. En réalité, c'est très difficile d'écrire à la main. Et j'en suis très déçu. Un jour viendra peut-être où j'écrirai à la main, comme je le faisais étant enfant, mais je suis devenu journaliste entre temps et j'écris donc sur un clavier depuis plus de trente ans. Je possède un vieil ordinateur portable plein de miettes (et pour vous dire la vérité, plein de cheveux arrachés). Je n'ai pas de logiciels high-tech ni de rituels d'écriture, hormis bien sûr le fait de me retirer dans le placard. 

Bande-son
J'ai travaillé récemment avec ce fabuleux musicien anglais, Moss Freed, auteur de l'album "What Do You See When You Close Your Eyes.” Il compose et relie ses œuvres au monde littéraire. Il utilise une série d'histoires courtes adaptées à sa musique, un mélange subtil de jazz aux thèmes populaires et aux arrangements classiques tranchants. Pour lui l'univers musical et littéraire sont étroitement liés et se complètent inexorablement. Il dit souvent c'est un peu comme écouter en 3D.
Et j'écris en musique. Van Morrison, Lisa Hannigan, Joe Henry et Brian Kennedy ont accompagné l'écriture de mon dernier livre, Transatlantic. Je laisse la musique envahir la pièce. Mais je suis vraiment vieux jeu. J'aimerais pouvoir encore écouter des 33 tours. Et j'ai des centaines de vieilles cassettes qui traînent, inutilisées.
La musique et le rythme sont indispensables lorsque j'écris. J'arpente mon appartement en lisant des textes à haute voix. Mes enfants pensent que je suis cinglé.

Carburant
Un café et une tranche de pain grillé pour le petit déjeuner. Bien évidemment les miettes tombent dans le clavier. Voilà mon quotidien. Je viens de trouver mon épitaphe. "Les miettes se sont retrouvées dans son clavier." 
Je n'aime pas boire et écrire. Cela a tendance à me décourager. Si tard le soir j'ai déjà bu un verre ou deux, je ferai un peu de corrections mais c'est dangereux de travailler avec l'esprit altéré par l'alcool. Bien sûr, la jeune génération d'auteurs a tendance à croire à tort que c'est le carburant indispensable. 
Mais écrire c'est écrire. Cela n'a rien à voir avec la nourriture et la boisson, bien qu'elles continuent d'inspirer de nombreuses métaphores littéraires. Au final, tu dois te maintenir en bonne santé. Je m'intéresse de plus en plus aux carburants dont mon corps a besoin pour nourrir mon imagination. Je n'ai pris aucune grande mesure en faveur d'une alimentation vraiment saine. Je ne suis pas végétarien contrairement à ma fille Isabella, et je pense vraiment qu'elle influence mes choix alimentaires.

Mots
J'aime lire de la poésie pour lancer la machine. J'aime particulièrement me plonger dans la poésie de Jim Harrison, Wendell Berry, Seamus Heaney, Dylan Thomas, Hopkins. Surtout lorsque je suis perdu. J'essaie de ne pas me préoccuper de leur influence sur mon travail mais nous forgeons notre plume grâce à d'autres plumes. 
Pour m'échapper, je ne lis que les meilleurs. Ondaatje. Doctorow. Carey. DeLillo. Morrison. Erdrich. Rushdie. O’Connor, Hemon, Doyle, Bloom. Mais je déteste parler des livres et de mes auteurs favoris parce que j'en oublie toujours un. Je lis de tout mais uniquement parce que le monde littéraire regorge de merveilles. 

Inspiration
Je cours tous les jours ou tous les deux jours dans Central Park. Cela m'aide à me vider l'esprit. Je cours avec un très bon ami médecin, Jim Marion. Nous courons tout en discutant de théologie ou de notre dernière gueule de bois. Je partage mes idées avec lui. C'est quelqu'un qui sait écouter. Je fais également du vélo dans le parc avec mon fils. Pas de sieste ! Non ! Une sieste m'achèverait. J'aime cette sensation de fatigue à la fin de la journée. Suivie d'une bonne nuit de sommeil. 

Tentation
La tentation est trop forte quand il est question d'e-mail et d'internet. En particulier lorsque l'écriture ne va pas très fort, ce qui est le cas la plupart du temps (notamment en plein milieu d'un roman). J'ai tendance à surfer sur Soccernet.com pour suivre mon équipe favorite, Stoke City. Mais quelle perte de temps. Je regarde les matchs de football les plus obscurs. C'est une vraie maladie. Mes autres vices sont plus ordinaires ... mais je couche la plupart de mes vieux démons sur papier. J'aime devenir "autre" dans les œuvres de fiction. Cela me permet d'être relativement normal dans la vraie vie.

Citations

*Bons musiciens les Irlandais, mais tous leurs chants d'amour sont tristes et tous leurs chants de guerre sont gais.

*Le monde a cela d'admirable qu'il ne s'arrête pas après nous.

Challenge de lecture 2014 : Le bingo des livres

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